26 janvier 2012

The Descendants

Matt King est à un tournent de sa vie. Plongée dans le coma après un accident, les derniers jours de sa femme sont comptés. Tandis qu'il se rapproche de ses deux filles Scottie, dix ans, et Alexandra, dix-sept ans, Matt apprend que sa femme le trompait et envisageait de divorcer. Il part alors à la recherche de l'amant.
C'est le nouveau film du réalisateur de Monsieur Schmidt et Sideways. Déjà récompensé à plusieurs reprises (notamment l'Oscar du meilleur scénario en 2005 pour Sideways), Alexander Payne signe avec The Descendant un drame doux-amer, emmené par un George Clooney épatant. Déjà sacré Meilleur film dramatique aux Golden Globes 2012 et en bonne voie pour les prochains Oscars, le film est une vraie réussite. Malgré son sujet, Payne ne s'aventure pas de manière éprouvante dans le genre du drame. En épousant la légèreté et la retenue, il évite un pathos exacerbé sans toutefois renoncer aux émotions fortes. La sobriété de la mise en scène se marie parfaitement avec ce partis pris : images léchées, souvent fixes, l'esthétisme du film s'imbibe dans la richesse du cadre hawaïen. Les quelques mouvements d'appareil sont millimétrés et frôlent parfois le beau pour le beau mais qu'importe : le réalisateur semble avoir comme principal soucis d'ancrer réellement le film dans son empreinte géologique. Magnifiquement mis en image, Hawaï et ses îles sont comme un personnage à part entière, dont la beauté apparaît comme un oxymore vulgaire au drame s'y déroulant. Mais ce drame est apaisé comme cette nature qui semble hypnotisante (magnifique séquence de la découverte du domaine de la famille), presque au repos, si bien que la colère laisse rapidement place au pardon et au deuil serein. The Descendants, et c'est sans doute sa grande prouesse, ne se contente pas de provoquer la compassion du spectateur. Payne élabore avant tout le parcours d'un homme soudainement seul et face au miroir, un homme qui semble de ne pas être devenu celui qu'il aspirait être (on pense de cette même façon à Miles Raymond dans Sideways) ; et qui, poussé au bilan, ouvre un peu plus les yeux sur l'hypothétique sens de sa vie. Hédoniste, surtout à hauteur d'homme, de ce fait The Descendants touche beaucoup sans jamais trop appuyer. Du cri de douleur étouffé et sous-marin d'Alexandra, au premier geste affectif du grand-père perçu au travers d'une porte, le film effleure de très belles émotions, toutes en pudeur et spontanéité. « Tout arrive comme ça » dira même l'amant désemparé : la vie, chez Payne, semble être d'autant plus précieuse qu'elle est mouvante, hasardeuse, dans le bon comme le mauvais.
Bien entendu difficile de parler du film sans évoquer son casting étoilé. Shailene Woodley, une jeune découverte à suivre certainement de près, est brillante. Mais c'est évidemment un George Clooney bouleversant qui crève la toile. Jamais dans la surenchère, tout en finesse, il donne à Matt King une sensibilité vibrante en faisant oublier ses traits de star mondiale. Il porte le repos et la sagesse qui définissent le film tout entier. Et l'emmène littéralement vers de beaux et émouvants horizons.


Réalisé par Alexander Payne
Avec George Clooney, Shailene Woodley, Amara Miller
Film américain | Durée : 1h50
Date de sortie en France : 25 Janvier 2012

9 avis gentiment partagé(s):

ptiterigolotte a dit…

Parfaitement d'accord. De belles émotions portées par un Georges Clooney au sommet de son art. On verra pour l'Oscar, hein...

Jérémy a dit…

Je vois bien la statuette en meilleur réal' .

2flicsamiami a dit…

Assez d'accord. Je m'attendais à plus d'acidité et de punch, mais on a là un joli drame, très fin, très profond, avec un George Clooney qui pleur ! (Oh my god !).

Julien77140 a dit…

Même si l'on finit par se prendre au jeu, le film, derrière son apparence douce-amère, accuse tout de même une certaine mollesse. Reste un film agréable mais gentiment oubliable.

Wilyrah a dit…

Absolument pas emballé par ce film fadasse :(

Bob Morane a dit…

Une bonne surprise pour moi. J'ai beaucoup aimé, surtout longtemps après dont me revient un spleen agréable.

Christophe a dit…

Un tès joli film, qui n'en fait pas trop sur l'émotion, avec un Geroge Clooney toujours aussi parfait.

Jérémy a dit…

2flicsamiami : George crying, what else ?! Je l'ai vraiment apprécié dans ce film qui ferait presque oublier la star derrière le personnage. Exercice qui a l'air beaucoup plus difficile qu'il en a l'air.

Julien77140 : Je trouve que la légèreté du film le rend vraiment original, et n'est pas une gentillesse de convention pour donner du baume au cœur. Le temps dira si je garderai en mémoire 'The Descendants' mais je fais le pari que oui !

Wilyrah : Fadasse ? Non ! C'est épuré, loin des évacuations hyperboliques, toujours loin du pathos... et pourtant c'est sensible, et pudiquement fort.

Bob Morane : Ça donne le sourire, et un sourire qui donne pas une tête de con. C'est souvent ce que je dis !

Christophe : Clooney est vraiment bon je suis d'accord.

Unknown a dit…

La vraie réussite, selon moi, c'est la prouesse tant de la part de Payne que de Clooney d'eclipser l'icône hollywodienne et de le ramener à l'état d'homme lambda, maladroit, brouillon, etc... Je rejoins Wilyrah quant au mot "fadasse" qui s'applique par moment, même si la ballade m'a plu.

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