Après Pardonnez-moi et Le Bal des actrices, Maïwenn signe un troisième film auréolé d'un prix du Jury à Cannes en guise de promotion. Polisse raconte le quotidien des policiers de la BPM de Paris – Brigade de Protection des Mineurs – entouré d'acteurs désormais fidèles à sa réalisatrice (Karin Viard, Marina Foïs, Joeystarr...). Maïwenn, bien accueillie par la critique depuis son premier long, propose un cinéma réaliste, parfois sensible, parfois au bord de l'hystérie, parfois drôle. Polisse vient prouver une certaine cohérence à cette ligne de conduite : inspirée par un reportage télévisé, Maïwenn réalise un film fort, très imparfait, mais qui semble étrangement se nourrir de ses fêlures.
Caméra à l'épaule en multicams, jeu très libre des acteurs, le style de Maïwenn peut agacer de par sa radicalité de forme. Les situations très atypiques des interrogatoires rappellent parfois celles des Bureaux de Dieu. Proche de la forme télévisuelle (ou du journal intime amateur dans Pardonnez-moi), la quête obsessionnelle de la vérité à travers la saisie des instants, entraine souvent la cinéaste à brouiller les frontières. En mettant en scène ce qui s'y passe en temps normal, Polisse cherche à capter, de par sa caméra toujours très proche de ses personnages, l'émotion juste ; qu'elle soit belle et assimilée par le spectateur (l'histoire d'amour, la haine de Fred face à l'individualisme) ou la plus surprenante d'humanité (les éclats de rire nerveux, la relation à fleur de peau entre Nadine et Iris...). Et si Maïwenn sort de cette épreuve avec un prix à Cannes, il n'est pas démérité.
A l'instar de ses deux précédents films, Polisse se présente comme un bordel bien organisé. Avec un montage purement chronologique, la réalisatrice fait marier ses séquences dans un éclectisme perturbant mais à la droite justesse de l'émotion. En voulant trop en dire et trop faire partager dans un condensé fragile de fragments de vie, la mise en scène est poignante même lorsqu'elle frôle les limites. C'est un peu la force de Maïwenn : ne s'accorder aucune barrière, sans craindre ni la singularité filmique ni l'adhésion de son spectateur. Seule la conviction semble compter dans cette déstructure qui joue au yoyo avec l'affect, et qui reflète sans doute beaucoup ce que nous sommes. Avec cette brigade des mineurs, Maïwenn semble ainsi avoir trouvé le terrain de jeu idéal à ses envies créatrices : en suivant ces adultes qui se doivent de rester forts à longueur de temps, Polisse fait briller les grandes forces (cette fameuse dignité) et fragilités de l'être humain.
Plus en retrait, le personnage de Maïwenn gagne ici en humilité même si le caméo ne présente que peu d'intérêt si ce n'est sa mise en abime elle-même redondante (photographe / cinéaste, bon). Et même si le film ose sans doute à tort un dénouement choc – la fin avait-elle besoin de cette dramatisation ? - en délivrant l'enfance d'un mal que les personnages et les spectateurs absorbent jusqu'à saturation, Polisse se tire de cette affaire étriquée avec des hommages émus ; ceux réservés aux œuvres les plus cruellement douces.
Réalisé par Maïwenn
Avec Karin Viard, Joey Starr, Marina Foïs
Film français | Durée : 2h07
Date de sortie en France : 19 Octobre 2011
Caméra à l'épaule en multicams, jeu très libre des acteurs, le style de Maïwenn peut agacer de par sa radicalité de forme. Les situations très atypiques des interrogatoires rappellent parfois celles des Bureaux de Dieu. Proche de la forme télévisuelle (ou du journal intime amateur dans Pardonnez-moi), la quête obsessionnelle de la vérité à travers la saisie des instants, entraine souvent la cinéaste à brouiller les frontières. En mettant en scène ce qui s'y passe en temps normal, Polisse cherche à capter, de par sa caméra toujours très proche de ses personnages, l'émotion juste ; qu'elle soit belle et assimilée par le spectateur (l'histoire d'amour, la haine de Fred face à l'individualisme) ou la plus surprenante d'humanité (les éclats de rire nerveux, la relation à fleur de peau entre Nadine et Iris...). Et si Maïwenn sort de cette épreuve avec un prix à Cannes, il n'est pas démérité.
A l'instar de ses deux précédents films, Polisse se présente comme un bordel bien organisé. Avec un montage purement chronologique, la réalisatrice fait marier ses séquences dans un éclectisme perturbant mais à la droite justesse de l'émotion. En voulant trop en dire et trop faire partager dans un condensé fragile de fragments de vie, la mise en scène est poignante même lorsqu'elle frôle les limites. C'est un peu la force de Maïwenn : ne s'accorder aucune barrière, sans craindre ni la singularité filmique ni l'adhésion de son spectateur. Seule la conviction semble compter dans cette déstructure qui joue au yoyo avec l'affect, et qui reflète sans doute beaucoup ce que nous sommes. Avec cette brigade des mineurs, Maïwenn semble ainsi avoir trouvé le terrain de jeu idéal à ses envies créatrices : en suivant ces adultes qui se doivent de rester forts à longueur de temps, Polisse fait briller les grandes forces (cette fameuse dignité) et fragilités de l'être humain.
Plus en retrait, le personnage de Maïwenn gagne ici en humilité même si le caméo ne présente que peu d'intérêt si ce n'est sa mise en abime elle-même redondante (photographe / cinéaste, bon). Et même si le film ose sans doute à tort un dénouement choc – la fin avait-elle besoin de cette dramatisation ? - en délivrant l'enfance d'un mal que les personnages et les spectateurs absorbent jusqu'à saturation, Polisse se tire de cette affaire étriquée avec des hommages émus ; ceux réservés aux œuvres les plus cruellement douces.
Réalisé par Maïwenn
Avec Karin Viard, Joey Starr, Marina Foïs
Film français | Durée : 2h07
Date de sortie en France : 19 Octobre 2011