28 février 2010

Shutter Island

Un film de Scorsese ne passe pas inaperçu. Après ses grands films qui l'ont révélé (Taxi Driver, Raging Bull...), ses succès des années 90 (Les Affranchis, Casino) ou ceux plus récents d'Aviator ou Les Infiltrés, le cinéaste que l'on dit être "le plus cinéphile d'Hollywood" débarque dans cette nouvelle décennie sur la toile avec ce Shutter Island toujours accompagné de Léonardo DiCaprio. Après le remake des Infiltrés, ici Scorsese adapte, en l'occurrence le roman de Dennis Lehane, écrivain à l'écriture visiblement cinématographique - Gone Baby Gone de Ben Affleck et Mystic River de Clint Eastwood étant également des adaptations de cet auteur.
Dans la lignée des films au twist final, Shutter Island s'impose comme l'un des meilleurs du genre. Pourtant, ce n'est pas le début du film qui promettait au spectateur un spectacle de haute qualité. Malgré une photographie superbe, le montage, hésitant, et la musique d'une utilité réduite, surprennent négativement car le spectateur a de quoi être inquiet sur le reste à suivre. La mise en scène se débloque à l'arrivée à l'hôpital où un simple montage regard subjectif sur une des patientes effrayante lance enfin une atmosphère de vrai malaise. Puis le scénario laisse découvrir toute son ingéniosité en guidant le spectateur dans une genèse d'abord cohérente qui oscille entre thriller et film d'horreur puis complétement décousue, doucement comme une chute au ralenti. Véritable choc visuel "esthético-psychologique", Scorsese prend des risques dans des séquences de rêves magnifiques et des images flashbacks d'une horreur insupportable... pour finalement parvenir à son but : rendre le spectateur aussi perturbé que le personnage à qui appartient le point de vue. Le résultat est aussi puissant qu'un Sixième sens : expérience tant cinématographique que psychologique, Shutter Island met à l'épreuve et dévoile bien toute la complexité de l'être humain, capable d'oublier la douleur et le drame jusqu'à s'oublier soi-même, dans un thriller à la catharsis efficace. Ou plus familièrement dit, le film grand public pas con du moment à ne pas rater.


Réalisé par Martin Scorsese
Avec Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley
Film américain | Durée : 2h17
Date de sortie en France : 24 Février 2010

26 février 2010

I Love You Phillip Morris

Première réalisation de deux scénaristes américains qui ont travaillé ensemble sur plusieurs comédies, I Love You Phillip Morris s'impose comme la curiosité du mois dans les salles obscures françaises. Françaises oui, car financé par la France (Europa Corp), le film n'est toujours pas sortit aux Etats-Unis. La raison est la même que la difficulté rencontrée pour le financer : l'homosexualité encore et toujours taboue.
Les réalisateurs ont eu raison de ne pas se plier à l'exigence des producteurs et ne de pas modifier le scénario du film. I Love You Phillip Morris a l'incroyable effet de relayer l'homosexualité au second plan et c'est peut être ce qui ne plait pas. La comédie permet un regard tendre, utilisant les clichés homosexuels aussi ouvertement qu'avec douceur... Car finalement il n'existe pas manière plus efficace de défendre un sujet qu'en se moquant des aprioris qui le concernent. Très loin d'une quelconque ambiguïté ou ratés vulgaires, I Love You Phillip Morris est une comédie savoureuse truffée d'idées fantastiques.
Après un début qui démarre au quart de tour avec notamment une voix-off qui s'annonce savoureuse (et qui le restera), l'annonce est faîte : le film a été taillé sur mesure pour Jim Carrey. Même si avec une exposition aussi tape-à-l'œil le milieu du film s'essouffle quelque peu, les deux réalisateurs en herbe nous donnent toujours une raison de sourire - sinon de rire aux éclats, et même d'être ému. Car on le sait, en atténuant le pathétique, le rire ne fait que le renforcer d'autant plus. I Love You Phillip Morris en joue même pour nous offrir un final hilarant, Steven Russel allant jusqu'à rouler le spectateur en plus de tous les personnages. Malgré un rythme hétérogène, la mise en scène et le scénario sont d'une ingéniosité surprenante, le jeu d'acteur tout simplement parfait. On rit, on pleure presque... pour se rendre compte finalement que l'on est face à un plaidoyer quasi malheureux pour l'égalité ; mais - pour nuancer - face à une vraie histoire dont l'amour raconté n'est pas que pur cinéma. Et c'est rassurant.


Réalisé par Glenn Ficarra et John Requa
Avec Jim Carrey, Ewan McGregor, Leslie Mann
Film américain | Durée : 1h36
Date de sortie en France : 10 Février 2010

14 février 2010

The Mist

Déjà réalisateur de La Ligne verte, Frank Darabont n'inaugure pas avec l'adaptation d'un Stephen King avec The Mist. L'histoire : un brouillard étrange et inquiétant qui vient envahir une petite ville du Maine contraignant plusieurs personnes à se réfugier dans un supermarché. La matière littéraire est forcément riche car The Mist - plus qu'une histoire d'épouvante - est, à l'image des autres œuvres de Stephen King, une réflexion sur la nature humaine. Cependant, l'adaptation est assez périlleuse : quasi unité de lieu, monstres secondaires qui pourraient frustrer le spectateur, gravité du sujet avec un bon jeu d'acteur nécessaire... Darabont tient le pari avec brio. Le début s'enchaine assez rapidement, le film allant vite aux faits. La révélation passée, c'est là que The Mist trouve son originalité en concentrant l'action moins sur le suspens et l'angoisse que sur les relations entre les différents personnages et les effets qu'opère la peur sur eux. Entre les négationnistes qui refusent de croire à l'incroyable en fuyant, la masse apeurée et affaiblie proie idéale à une dictatrice farouchement prêtresse... le film trace habilement le portrait du totalitarisme de ses raisons à ses conséquences, de la faiblesse même de l'être humain à vivre en communauté. La figure du héros, propre à King, s'en voit évidemment glorifiée. Pour autant, l'un des meilleurs moments du film est lorsque l'égoïsme se dévoile sur tout le monde même chez David, au moment d'accompagner une mère de famille déboussolée et seule. Égoïsme, naïveté, avidité du pouvoir... la vision est d'une noirceur bien fidèle au roman. Ne reposant l'espoir que sur les quelques personnages principaux, le pessimisme atteint son paroxysme dans la séquence finale d'une émotion et d'une psychologie insoutenables. The Mist parvient à la commande de départ : une adaptation fidèle à la vision de son auteur tout en constituant un scénario de cinéma prenant et une mise en scène efficace. S'en ressort l'effet incroyable que l'horreur se trouve encore plus dans la bêtise humaine que dans des créatures aussi horribles notre imagination puisse t-elle créer. Ne pas être clément vis à vis de soi-même et de ses défauts est peut être une manière possible de se grandir. Stephen King l'écrit merveilleusement bien, Darabont le suit et en fait un bon thriller, intense et définitivement original.


Réalisé par Frank Darabont
Avec Thomas Jane, Andre Braugher, Laurie Holden
Film américain | Durée : 2h00
Date de sortie en France : 27 Février 2008

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