11 novembre 2011

Contagion

Un virus mortel crée une pandémie catastrophique dans le monde entier ; au Centre de Prévention et de Contrôle des Maladies, Cheever (Laurence Fishburne) est obligé de dépêcher sur place en Asie le docteur Erin Mears (Kate Winslet), malgré les risques. Alors que les scientifiques s'efforcent à trouver un vaccin, un vent de panique parcoure le monde. Après la mort de sa femme et de son fils, Mitch Emhoff (Matt Damon) vit reclus chez lui avec sa fille, faisant face aux débordements d'une population angoissée. Tout ceci tandis que le docteur Leonora Orantes (Marion Cotillard) est pris en otage dans un petit village pour que ses habitants appauvris soient soignés en premier, et qu'Alan Krumwiede (Jude Law), journaliste raté, crée la panique en conspirant sur le gouvernement via son blog Internet.
Voilà pour l'intrigue général du nouveau film chorale de Steven Soderbergh. Aussi productif que singulier dans le paysage américain, ce cinéaste précoce - Palme d'Or dès son premier long avec Sexe, mensonges et vidéo - a varié de façon surprenante au cours de sa carrière d'un cinéma exigeant (Bubble, Schizopolis...) à des films plus classiques mais non moins travaillés (la suite des Ocean's Eleven, la grand succès de Traffic en 2001 et récemment le diptyque de Che Guevera et The Informant !). Contagion, sa vingt-deuxième réalisation (et pas moins de production à la clef), n'a pourtant pas la maitrise du maître que l'on pouvait attendre. Surprenant mais inégal, le film se heurte à nombre d'écueils qui empêchent la parfaite appréciation.
L'un des « bons points » est cela étant de proposer un spectacle qui se veut l'envers d'un blockbuster classique. A hauteur d'homme, Soderbergh s'intéresse avant tout à l'humain, dont il multiplie les figures en optant pour une forme alternée entre ses protagonistes. Pas de grandes envolées de mise en scène avec action de panique générale et des milliers de figurants et autres explosions de vandalisme. Contagion s'intéresse surtout – et avec justesse – aux réactions humaines. De Cheever, confronté aux remords d'envoyer un médecin vers la mort et de privilégier sa famille, à Mitch intériorisant tout son chagrin pour se faire la figure d'un père fort devant sa fille... tous les personnages sont affaiblis par un sort qui les dépasse mais qu'ils sont dans l'obligation d'encaisser. Aucun héros qui inspire la confiance ici : avec audace, l'Amérique apparaît fragilisée, ouverte à ses frontières car face à la catastrophe, il n'apparait qu'un seul humain, parfois vile (le personnage de Krumwiede et sa soif de polémique), parfois aux sommets du courage (le docteur Erin Mears qui se sacrifiera). Le tout pour un portrait froidement réaliste qui remet l'homme à sa place et propose un regard contemporain sur nos sociétés modernes.
Mais malheureusement, le rythme ne prend jamais. Le plus frustrant est que le casting étoilé donne l'impression de ne pas donner tout son potentiel. Le personnage de Cotillard, inutile, est passé à la trappe et disparaît pendant une bonne heure du film tandis que celui de Jude Law n'est jamais clair dans son approche. Évidemment la déconstruction se veut le témoin de la panique, mais ici la forme trop extrême est inadaptée. Et certaines maladresses de goût qui desservent le propos (le mal qui vient d'Asie, l'Amérique qui sauve le monde avec son vaccin) déséquilibrent un film qui aurait pu être un choc dans sa maitrise visuelle surprenante et l'interprétation de ses acteurs , mais qui s'abandonne finalement à une facilité de fond qui ne parvient jamais vraiment à toucher l'émotion ou une quelconque catharsis. Objet de paranoïa chronique, Contagion, après vision, bourdonne dans la tête lorsqu'on aurait souhaité être confronté à un miroir heurtant. Sans être un échec, le film déçoit beaucoup sans réellement déplaire. Oubliable, en somme.


Réalisé par Steven Soderbergh
Avec Marion Cotillard, Matt Damon, Laurence Fishburne
Film américain | Durée : 1h46
Date de sortie en France : 09 Novembre 2011

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