31 janvier 2012

Sport de filles

Gracieuse, une jeune femme au caractère bien trempé, passionnée par les chevaux, se fait engager comme palefrenière dans un haras de dressage. Dirigée par une femme autoritaire qui exploite un entraineur allemand de grande renommée, Gracieuse ne veut bientôt qu'une seule chose : remonter sur un cheval à elle.
Après Saint-Cyr et Basse Normandie, Patricia Mazuy réalise un nouveau film écrit par Simon Reggiani. Installant son intrigue dans la dure loi du monde équestre, la réalisatrice signe un film plutôt singulier : aéré dans ses plans larges (quoi qu'un peu redondants dans les travellings), porté par un personnage déterminé et antipathique, Sport de filles ne s'installe dans aucun sentier battu, ni même dans celui d'une forme télévisuelle. La liberté de la mise en scène se ressent à tout instant. Sans cesse dans l'exploitation de dualités (Gracieuse qui n'a de grâce que le nom, la musique rock'n roll sur un film qui ne l'est pas vraiment), Mazuy semble s'intéresser non pas à une mais plusieurs thématiques. Si l'obstination de sa protagoniste prend le pas sur toutes les autres, Sport de filles décrit également de façon précise le milieu du cheval dans sa réalité économique et compétitrice, de même que Basse Normandie faisait déjà flirter le cinéma avec sa dépendance financière. Un pied dans l'argent, l'autre dans l'art ; en exploitant le dressage équestre déjà cinégénique par essence, Mazuy semble vouloir aller au-delà du « film de chevaux », en captivant autant les amateurs que les néophytes.
Malgré une presse dithyrambique pour une partie, c'est chose plus ou moins réussie : assez low cost dans sa mise en scène, le film brille surtout grâce à quelques séquences magnifiques qui viennent attirer l'attention des remplaçants souvent laissés sur le gradin. Car contemplatif, le film percute réellement lorsqu'il épouse jusqu'au bout le point de vue de son héroïne, elle même caractérisée comme un cheval incontrôlable. Sorte de pirate accompagné de musique rock, à la conquête de la gloire, c'est lorsque Gracieuse (Marina Hands, convaincante) emmène le film dans le western insolent qu'elle est la plus intéressante. Autrement, on peut être déçu du manque de nuances dans ce personnage au caractère de cochon, dont la passion obsessionnelle pour les chevaux reste (malheureusement ?) un mystère. C'est dommage tant la relation avec le père aurait sans doute pu raconter des choses de ce personnage. Mais on reste finalement en surface, preuve faîte avec ce personnage amoureux, pas attachant non plus et sans aucune ambition. C'est finalement Bruno Ganz, lassé jusqu'à saturation, qui crève l'écran en virtuose rabougri par une marâtre froide comme la pierre (Josiane Balasko, étonnante).
Sport de filles est un film curieux qui ravira les amateurs de dressage dans son réalisme, pourra convaincre certainement les autres de par son originalité certaine. On est toutefois en droit de rester sur sa faim devant sa dureté platonique qui sert un drame finalement peu agréable et distant.


Réalisé par Patricia Mazuy
Avec Marina Hands, Bruno Ganz, Josiane Balasko
Film français | Durée : 1h41
Date de sortie en France : 25 Janvier 2012

2 avis gentiment partagé(s):

Yohan a dit…

J'ai été plus emballé que toi par ce film. Il tarde un peu à se mettre en route, mais les confrontations entre Marina Hands et Bruno Ganz sont vraiment de haute volée. Avant, il faut s'en remettre à la mise en scène de Patricia Mazuy, très habile pour filmer les chevaux. Film original, qui m''a bien plu !

Jérémy a dit…

La confrontation est clairement un des thèmes du film c'est vrai. Et si certaines séquences sont brillantes, pour moi l'ensemble reste assez gentil.

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