12 février 2011

Angèle et Tony

Angèle est belle, son prénom angélique, mais elle se vend dans un endroit désaffecté... pour offrir un jouet à son petit garçon, confié à ses grands-parents depuis qu'elle a purgé une peine de prison liée à la perte du père. Son but (retrouver la garde son enfant) en croise un autre moins glorieux (vendre son corps dans cette campagne de Normandie via des petites annonces). Bref, Angèle est cette princesse déchue, très encrée à la Dardenne, interprétée au couteau par une Clotilde Hesme toute en raideur et simulations. Puis elle fait la rencontre de Tony, un pêcheur au cœur gros, un peu seul chez bonne maman.
Angèle et Tony est une belle poésie qui prend le temps de s'installer, soigne ses cadres et laisse parler le silence. Sorte de Belle et la Bête inversé, le film touche parfois de belles sensations, notamment lorsqu'Angèle se retrouve seule, isolée par des longues focales comme sur cette route difficile à franchir, un pneu crevé. Ou lorsque le conte enfantin (ici Blanche-Neige) prend une dimension sexuellement adulte, le désir déchirant l'épiderme des deux amants malgré eux. Alix Delaporte signe donc un premier long métrage maitrisé et sincère, et trouve l'épaisseur nécessaire à travers ses multiples économies, quelles soient dans les mots, l'action ou le nombre de personnages. Quelques faiblesses, notamment dans la direction d'acteurs, participeraient même au charme des premières fois, l'approche parfois bancale de son sujet lui donnant une certaine vibration.
Cependant, il faut avouer qu'Angèle et Tony traine derrière lui une série de films hexagonaux du même ressort... Et sur ce point, celui-ci peine à s'affirmer. Pudique, le scénario ne cherche jamais la provocation ou si peu, malgré ce thème de la réinsertion. En témoigne une séquence assez étonnante où Angèle coupe court la juge pour la garde de son enfant, en baissant les bras avec le sourire. A défaut de proposer beaucoup de tendresse, Delaporte surcharge peut-être son film de crème à l'image de la musique bien (trop) présente qui dans ses notes de guitare ou de piano veut amplifier de l'émotion déjà présente. Le personnage de Clotilde Hesme semble parfois pâtir de cette stagnation dans le tendre, si bien que l'identification ne devient jamais évidente, et pourtant semble être voulue.
Touchant tout de même, Angèle et Tony est un bon premier film aéré qui semble pour autant tenir trop à ces ancêtres en proposant au final un cinéma français qui lasse à défaut d'être compris. Mais qui s'est s'apprécier à l'avantage d'être encore un peu parlant.


Réalisé par Alix Delaporte
Avec Clotilde Hesme, Grégory Gadebois, Evelyne Didi
Film français | Durée : 1h27
Date de sortie en France : 26 Janvier 2011

1 avis gentiment partagé(s):

heavenlycreature a dit…

J'ai trouvé Grégory Gadebois très bon dans ce film, je ne le connaissais pas. Sinon, je suis assez d'accord avec toi...

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