29 octobre 2011

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la licorne

Le nouveau fantasme du géant Spielberg voit enfin le jour : mettre en images le héros de bande-dessinée Tintin dans un blockbuster dernier cri. Le défi semble colossal, mais c'est sans compter qu'il est pris en main par l'un des plus grands créateurs d'imaginaires du continent.
Croisement entre un Indiana Jones européen et une motion capture saisissante, Les Aventures de Tintin : Le Secret de la licorne ne fait pas l'économie des moyens. Vire-voltage entre la France, le Maroc et l'Océan Atlantique, que cela soit sur un bateau, un avion ou en tyrolienne avec une roue de side car (et quelques fois sur terre quand même), la nouvelle aventure de Spielberg se goûte avec un plaisir sans limite.
Si visuellement l'approche technologique pouvait inquiéter, il serait dommage de passer à côté de cet incroyable travail d'animation, à la fois pétrifiant de réalisme mais d'une artificialité bucolique. Sans atteindre la magie euphorisante du Pôle Express de Zemeckis, la motion capture bascule le spectateur dans une dimension nouvelle qui frôle l'illusion jusqu'au relief (quel effet sensationnel sur l'eau !). Tout est fait pour que l'évasion soit totale. Aidée par un travail colossal sur le son, dans ce sens la mise en scène est une parfaite réussite.
Il y a donc un réel savoir faire, Spielberg n'étant pas le plus mal accompagné des cinéastes américains (on retrouve une nouvelle fois Janusz Kaminski à la photographie, Michael Kahn au montage, John Williams à la musique...). Et si le risque que représente l'adaptation de la bande dessinée belge est vite comblé par sa réadaptation naturelle dans les codes du blockbuster, Tintin trouve bien une réelle identité entre les mains du célèbre réalisateur. Maitre du jeu dans certaines séquences hallucinantes (le crash de l'avion, la course contre l'oiseau, le duel de bateau) et compagnon de jeu à un entourage attachant (Milou, les Dupondt, Haddock), il est adopté.
C'est plutôt la boulimie incessante du film qui l'est moins facilement. Testostéronée et ne laissant jamais la place ni à une figure féminine à part la castafiore caricaturée (?) ni à quelconques moments de soufflement, la mise en scène reste limitée. De par son rythme effréné et fatigant, mouvements d'appareils et autres cascades grandiloquentes parviennent à lasser par usure. En amenant son spectateur jusqu'à l'aérophagie abrutissante, Spielberg perd sans doute en subtilité à vouloir à tout pris montrer que Tintin est un héros d'action. Et incontestablement de la tension dramatique en ne proposant qu'un pseudo dénouement qui ne sert que de teasing.
Surdosé mais – il faut le dire – bien foutu, Les Aventures de Tintin ravira les enfants et tous les amateurs d'adrénaline forte acidulée au pop-corn. Pour les autres, les regards se tournent vers un Cheval de guerre imminent.


Réalisé par Steven Spielberg
Avec Jamie Bell, Andy Serkis, Daniel Craig
Film américain, néo-zélandais | Durée : 1h47
Date de sortie en France : 26 Octobre 2011

6 avis gentiment partagé(s):

ptiterigolotte a dit…

Ta critique me confirme ma peur d'aller le voir et de me retrouver devant un de ses énièmes blockbusters préfabriqués ... mais bon, c'est du Spielberg, tout de même

Flow a dit…

Je dirais plutôt que sa force première est son rythme effréné. Un divertissement familial calibré et plaisant mais oubliable.

Jérémy a dit…

Ptiterigolotte : Je ne vais pas faire la mauvaise publicité du film non plus ! ;)
C'est un bon divertissement. Après, à mon sens, il ne faudrait pas trop s'enthousiasmer autour du nom de Spielberg qui - comme le casting commercial (Pegg et Frost en Dupond et Dupont, on m'explique la subtilité ?) - sert surtout d'assurance vie au blockbuster.

Flow : Je ne trouve pas que le rythme soit une force. Au bout d'une heure, l'action me fatiguait. Le spectacle passe très vite, c'est certain, après ce n'est pas systématiquement un gage de qualité. Ici j'aurai aimé une narration un peu plus épaisse, peut-être des rebondissements un peu moins attendus...

Phil Siné a dit…

oui, y'a sans doute trop de bruit et de fureur... mais c'est peut-etre pour insuffler ce coté indiana jones à tintin... j'en parle dans mon article sur le film ! ;)

Jérémy a dit…

Oui, il y a une volonté assez (trop ?) marquante de baptiser ce Tintin comme un héros d'aventure hollywoodien. J'ai eu un peu mal aux yeux, je trouve que le film se digère, mais c'est aussi le deal quand on va voir une grosse production...

inthecrazyhead a dit…

J'ai adoré bien que je sois d'accord avec toi sur le fait que Tintin en fait un peu de trop dans l'action. N'est pas Indiana Jones qui veut ! Mais malgré tout, Spielberg a quand même su capter une grosse partie de l'esprit de la BD et retranscrire assez fidèlement la plupart des personnages, avec de nomreux clins d'oeil à la clé qui font plaisir aux tintinophiles. J'espère que la suite sera plus posée et fera plus de place à l'intrigue de la recherche du trésor :) Vu le don de Peter Jackson à adapter à la perfection des oeuvres écrites, nul doute que lui saura y faire!

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