26 octobre 2011

Drive

Récompensé par un prix de la mise en scène à Cannes, Drive aura ces derniers temps popularisé son réalisateur danois. Au vu de sa carrière déjà impressionnante (commencée à 25 ans avec le premier Pusher), il était enfin temps que Refn ne soit plus qu'une syllabe vénérée par d'étranges cinéphiles...
Ce n'est pourtant pas le premier film tourné en anglais de Nicolas Winding Refn. De son premier essai Inside Job, Bronson jusqu'à l'ovni Valhalla Rising, le cinéaste a toujours convaincu la presse sans jamais s'attirer la même admiration chez le public. L'auteur de la trilogie Pusher trouve sans doute sa rédemption dans ce film de bad guys ultra sophistiqué, aussi difficilement classable qu'impressionnant de maitrise.
L'intrigue empreinte les chemins battus du héros embrigadé dans une situation dramatique malgré lui. Le Driver, un as du volant chargé de ramener des gangsters sains et saufs après leur coup, est traqué par des malfrats qui veulent sa mort. Mais lorsque la jeune femme dont il vient de tomber amoureux est impliquée, il devient à son tour un traqueur sanguinaire. Le héros à supprimer qui bascule dans la vengeance de survie est une recette efficace bien assimilée par le spectateur (on pense à Hitchcock évidemment, Tanrentino ou Greengrass de manière plus contemporaine). C'est la grande qualité de Drive, et des meilleurs films populaires de façon générale : à travers son écrin taillé pour un public le plus large possible, Refn parvient à réaliser un film à la forme et aux partis pris originaux.
Porté par un Ryan Gosling maître de son personnage, le film est une véritable réussite esthétique. A l'opposé de la caméra sous tension de Bleeder ou Pusher, Refn installe ici une mise en scène très stylisée et travaillée. Caméra fixe, mouvements d'appareil soignés, il est peu dire que Drive est un choc visuel, harmonieusement accompagné - de surcroit - par une bande-originale rétro pop / electro. Si le film prend le risque de distiller ses séquences d'action pure (un accident n'est qu'une mise en scène de cinéma dans une des premières séquences), ce n'est que pour mieux se concentrer sur son protagoniste énigmatique. Froid mais sensible, virtuose mais inadapté, The Driver est un vrai personnage de cinéma que le spectateur peut admirer (son combat acharné) et auquel il peut s'attacher (l'histoire d'amour). Différent mais toujours hanté par des thèmes qui lui sont chers, Nicolas Winding Refn semble trouver dans ce Drive un équilibre parfait entre recherche plastique et ses bonnes vieilles interrogations sur la violence humaine. Véritable plaisir filmique, peut-être un peu codifié – le personnage féminin ne sortira pas de l'idéal américain –, c'est toutefois presque peine perdue de vouloir enterrer ce film surprenant et très contemporain qui a l'avantage des meilleurs surprises : étonner avec classe.


Réalisé par Nicolas Winding Refn
Avec Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston
Film américain | Durée : 1h40
Date de sortie en France : 05 Octobre 2011

11 avis gentiment partagé(s):

Wilyrah a dit…

YEAH ! Jérémy is finally BACK !
Et avec de nombreuses critiques dont la fiche sur ce petit bijou qu'est Drive !

Mo5kau a dit…

Probablement le film de l'année !

2flicsamiami a dit…

Mon film de l'année. Je n'ai pas été électrisé par une mise en scène (et en son) depuis le Collateral de Michael Mann (auquel Refn emprunte quelques codes).

Flow a dit…

Un pur bijou à ne pas rater!

cinemarium a dit…

Oui, Drive est un régal de tous les instants qui bénéficie d'un traitement qui frôle la perfection.

Squizzz a dit…

Il manque une petite étoile supplémentaire pour que je sois parfaitement d'accord avec toi.

Maria Julia a dit…

Youhou! Tu es de retour :D
J'ai A-DO-RE ce film: complètement hypnotisant et tellement poétique malgré ces éclairs de violence brute! Une claque ^^

Jérémy a dit…

Wilyrah : Merci pour cette enthousiasme ! (digne d'un commentateur de catch)
Petit bijou, on en est pas loin c'est vrai.

Mo5kau : Héhé, je préfère ne pas faire de pronostic mais il fera sans aucun doute partie des films de l'année que je retiendrai.

2flicsamiami : J'ai pensé quelques fois à Mann aussi, c'est vrai. Le fait de détourner le genre avec une mise en scène périlleuse (j'ai l'impression que le public reste de façon générale assez critique envers Refn, pareillement qu'à Mann)

Flow : Ca serait bête de le louper c'est certain !

Cinemarium : Le régal est au rendez-vous je suis d'accord. Refn a beaucoup d'habilité à faire partager sa passion du cinéma je trouve.

Squizzz : La note reste ce qu'elle est (j'ai toujours du mal à "noter" un film). Mais dans le fond, pour avoir lu ta critique on est parfaitement d'accord ;) .

Maria Julia : Oui ! D'ailleurs dès que j'ai le temps je me rendrai à nouveau sur ton blog pour te lire ;) .
Hypnotisant, poétique, violence... je pense qu'on a tous deux apprécié le même cocktail :) .

Wilyrah a dit…

Je ne sais pas si je dois prendre la comparaison de façon flatteuse ^^

Jérémy a dit…

Aucun jugement de valeur là-dedans ;)
(Juste un délire sur le moment ! Mais je t'en voudrais pas d'apprécier le catch, moi personnellement je n'ai toujours pas compris l'engouement..)

Portmaniaque a dit…

Ce film a été mon coup de coeur 2011. Il m'a vraiment éblouie du début à la fin.

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