Colter Stevens, un soldat américain, se réveille dans un train en partance pour Chicago. Une passagère le traite comme un ami, son reflet n'est plus le sien. Il ne comprend rien, le spectateur non plus. Le train explose, et ce dernier se réveille dans une capsule métallique en liaison avec des capitaines de l'armée. Enfin tout le monde comprend : il est au coeur d'une toute nouvelle technologie, le code source, qui permet de revivre huit minutes avant la mort d'un homme. Sa mission est de trouver le terroriste responsable de l'explosion du train, et bientôt de toute la ville entière.
Après le très respecté Moon, pourtant orphelin d'une sortie sur les toiles françaises, Duncan Jones - oui, oui, le fils de David Bowie c'est bien lui - revient avec ce thriller teinté de scientifico-philosophie cantique. Expérimentant une nouvelle fois cette thématique de la réalité fantasmée (Matrix, L'Effet papillon, Inception...), Code Source se laisse regarder mais reste tout de même bien en-dessous de ses inspirations certaines.
Le premier atout du film est son schéma, plutot séduisant. Le scénario s'articule autour d'une boucle de temps déjà passé qui se doit d'être réinterprété, relu via une réalité parallèle afin de jouer sur le présent. Cette situation qui se répète inlassablement est une bonne trouvaille. Simple dans l'idée, efficace à l'image, il faut dire que l'on accroche plutôt à cette histoire de bombe et de son coupable qui se cache quelque part parmi toutes ces personnes banales. Sorte de Vol 93 façon entertainement, Source Code vise assez juste dans son originalité qui lui permet de se démarquer et ainsi de faire apprécier le spectacle. Le second atout s'appelle Jake Gyllenhaal, maliable à souhait, attachant d'un battement de cil. Il a plutôt l'air d'y croire et ça fonctionne.
Mais est-ce que le spectateur, lui, y croit ? Réponse certainement moins certaine tant le film est parsemé de faiblesses qui peinnent à crédibiliser l'invraisemblable pendant une heure et demie. Certaines situations restent quand même incohérentes... à commencer par le personnage de Christina, aussi réactive que mamie un lendemain de cuite, dont le comportement fait parfois prêter à sourire. Colter ne cesse de lui dire d'ailleurs qu'elle est belle... il a bien compris là son unique qualité. Puis le comportement de tous ces figurants, jamais actifs, si bien qu'on peine à croire que Colter ne s'imagine pas une seule seconde dans un rêve ou plutôt un trip répété à l'intraveineuse. Cette atmosphère irréelle discrédite le suspens, ne faisant finalement pas de ce Source Code le thriller éprouvant que l'on pouvait en attendre. Bombe désamorcée en deux secondes sans aucune difficulté sinon celle de faire la même chose une deuxième fois, coupable évident et identifié aussi facilement qu'un chocapic dans un bol de miel-pops ; en fait Duncan Jones veut surtout insister sur la grande perspicacité de son protagoniste et ainsi complexifier assez facilement son twist final (la fameuse claque qui tue quand tu comprends tout le film, sauf la fin), sans oublier la petite tartine de romance fumeuse qui vient pimenter un peu la déception.
Mais reste de ces incidents de parcours un film grand public qui peut tout de même s'apprécier, à condition d'avoir des œillères et la conviction naïve de croire à l'incroyable le temps d'un instant. Largement faisable.
Réalisé par Duncan Jones
Avec Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Vera Farmiga
Film américain, français | Durée : 1h33
Date de sortie en France : 20 Avril 2011
26 avril 2011
Source Code
02:01
Jérémy
14 avis gentiment partagé(s):
Je finissais par me sentir un peu seul au milieu de toutes les éloges qui entourent le film. Donc merci Jérémy !
Perso j'ai eu du mal à mettre des œillères et à croire à l'incroyable tellement tout ça a du mal à tenir debout. Et ce twist final tellement attendu a été la goutte d'eau pour moi. Je pense que le manque de réalisme des voyageurs du train (à commencer par Christina) que tu soulignes concoure effectivement à discréditer l'ensemble, même si j'avoue ce n'est pas ce qui m'a le plus marqué pendant la projo, en comparaison avec l'explication fumeuse sur le fonctionnement du code source.
Par contre je trouve que la révélation sur le personnage de Colter dynamise bien le film, et apporte un nouvel intérêt émotionnel alors qu'on finissait à se foutre un peu de la recherche du terroriste. Et cela tient pas mal à Gyllenhaal aussi.
Pas que des choses à jeter dans ce "Source Code", mais il prétend peut-être à se placer plus haut qu'il n'est en réalité.
Je ne partage pas la même opinion que toi sur ce film, comme tu le sais sans doute déjà :) Et la raison est plutôt simple, je n’ai pas été gêné par les éventuelles invraisemblances du film. Je pense que c’est une question de goût et de personnalité. Personnellement, j’ai toujours tendance à accepter ce que je vois tant que le film n’est pas fini. Et après, je me fais une opinion. Mais je comprends tout à fait que ça puisse bloquer certains.
Sinon belle critique, tu soulignes assez justement les points forts et les faiblesses du film. Je te rejoins totalement à ce niveau-là. Je vais m’arrêter là car je suis assez fatigué et j’ai une critique à écrire :p
Problème d'identification, c'est bien moi :)
Je ne comprends pas en quoi vous trouvez les passagers du train pas crédibles, Squizzz et toi. Qu'attendiez-vous d'eux, à part d'être une poignée de voyageurs banals se rendant au taf ou ailleurs, la tête dans le gaz à 8h du mat'?
Bon, sinon, on est d'accord sur les quelques faiblesses du film (vive les chocapic!^^), qui ne m'ont cependant pas empêchée d'accrocher à l'histoire - même si la bluette gonfle un peu - dont les enjeux dramatiques prennent un tout autre tournant avec la révélation sur Colter. Gyllenhaal est (comme d'hab') épatant de bout en bout, méga attachant (bon sang qu'est-ce qu'il mange dans ce film!), et la réflexion sur le libre-arbitre bafoué par la science, la science et ses limites (non-limites), etc... C'était quand même bien couillu comme propos, même si le twist apparaît trop conséquent, trop dur à digérer lâché en 2 minutes à la toute fin. J'en suis ressortie perplexe mais enthousiaste.
J'ai globalement marché. Les critiques que je peux faire sont celles que tu soulignes (Monaghan, le suspect facilement trouvable, la romance à laquelle on croit pas...). Sinon c'est passé, comme un divertissement sympa.
Putain... ça me rend triste de lire ça... Je suis un fervent fan de MOON ! J'attendais SOURCE CODE avec une grande impatience ! Il faut que je le vois ^^. On verra si je te dois te démonter la gueule :p. Au plaisir de te lire poto !
J'ai adoré le film est autant dire que je ne suis pas d'accord avec ton point de vue.
Pour justifier le comportement des passagers, il faut juste réfléchir un peu à partir du contenu du film (Waouh ! qu'est ce que je me la pète d'un coup ! ;)
Le train, c'est une réalité parallèle "virtuelle" donc régit par des 0 et des 1. C'est donc comme un jeu vidéo : l'IA peut être parfois très bête, réagissant selon un script. Tant que le script (ou évènement) n'est pas enclenché, le personnage ne réagit pas. C'est ce qui se passe clairement dans le Code Source.
(je retire mes lunette de Jamy :)
Voila, sinon j'ai rien à dire si ce n'est que j'ai vraiment tout aimé dans ce film.
Je suis tout à fait d'accord avec toi: ce film est raté et nettement trop surestimé par une partie des critiques et de la "blogosphère". Peu crédible, très caricatural, c'est un film vide qui se veut intelligent.
Il ne passe pas en VO ici donc ça attendra la sortie DVD.
Comme tu le dis, le suspense ne tuera personne dans Source Code, mais on a affaire un bon petit thriller qui propose tout de même une belle réflexion sur les dommages collatéraux provoqués par la grande marche du progrès. Et puis, tu le soulignes également, Jake Gyllenhaal y croit et ça aide beaucoup :)
Duncan Jones, fils de David Bowie, auteur de Moon, que tout le monde affecte aujourd’hui d’avoir vu (et apprécié), alors qu’il n’a été projeté en France qu’au Festival international du film fantastique de Gérardmer, avant une sortie directe en DVD, reprend ici le principe d’Un jour sans fin, d’Harold Ramis. Avec moins de bonheur, cependant. Cette forme de récit semblait pourtant parfaitement adaptée à un thriller. Mais le réalisateur hésite entre les genres. Ainsi, après quelques scènes d’action moyennement convaincantes, dont on retiendra surtout qu’elles sont illustrées par des effets spéciaux d’une pauvreté qui évoquent les téléfilms catastrophes diffusés le dimanche après-midi sur les chaînes de la TNT (médiocrité d’autant plus criante que le spectateur à tout le loisir d’analyser les défauts de cette séquence, celle-ci lui étant proposée selon différents point de vue, avec seulement quelques variantes), le film s’embourbe-t-il peu à peu dans une intrigue sentimentale aussi peu émouvante qu’improbable. Quant aux considérations philosophiques, de toute évidence elles intéressent peu le rejeton de Bowie. Ou elles le dépassent. Quoi qu’il en soit, on reste très en surface des questions que son histoire soulève. L’interprétation ne relève guère l’intérêt de Source code. A force de passer son temps à se réveiller, Jake Gyllenhaal donne l’impression d’être atteint de la maladie de Gélineau. L’état réel dans lequel se trouve son personnage peut toutefois expliquer son jeu (sans vouloir trop en dire, disons qu’il est assez proche de celui de Joe Bonham...). Michelle Monaghan n’est pas plus à son avantage. Mais il est vrai que son rôle est assez ingrat, devant rejouer plusieurs fois la même scène, tout en restant dans l’ignorance -contrairement à son partenaire- des enjeux… Bref, Source code n’est qu’un blockbuster sans âme, même s’il veut se donner des airs de film d’auteur. Une grande mode depuis Inception…
salut
j'ai bien aimé ce film
duncan jones après "moon" transforme l'essai
Je vous trouve vachement durs avec Squizzz, j'ai trouvé au contraire qu'on était pas loin du chef d'oeuvre. Scénario recherché, mélange d'idées vraiment pas mal (ça ressemble un peu à The Jacket que j'avais déjà apprécié), le casting, et surtout la fin qui est vraiment très réussie à mon goût.
Hello ;) Pour ma part, ce n'est pas un chef d'oeuvre et même si d'habitude je ne me laisse pas avoir par ces films achevés de manière à plaire au grand public, cette fois-ci, j'ai réussi à mettre les oeillères dont tu parles !
Je t'accorde la fin ratée, mais pendant 1h30, j'ai retenu le rythme bien dosé, une maitrise des flashbacks qui pouvaient être lassant sur la longueur, et surtout un excellent duo Gyllenhaal/Farmiga.
La recherche personnelle du héros m'a plu et beaucoup plus intéressé que celle du terroriste, donc en faisant abstraction des défauts, j'ai passé un bon moment.
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