1 novembre 2010

Les Petits mouchoirs

Pour son troisième long métrage derrière la caméra après Mon Idole et l'adaptation de Ne le dis à personne, Guillaume Canet signe un film plus personnel, mettant en scène ses amis acteurs bien connus. Boudé par une partie de la critique, malgré la consécration aux César pour Ne le dis à personne, l'acteur peine à se faire reconnaître en tant que metteur en scène par la presse mais amène les spectateurs dans les salles obscures de façon plus que satisfaisante. Les journalistes antipathiques dès la base n'y sont pas allés de main morte sur ce nouveau film non plus : les critiques assassines de certains magasines risquent une nouvelle fois d'aller à l'encontre d'un joli succès populaire. Cet écart fréquent est, certes, aussi surprenant qu'une guerre-guerre syndicats versus police... mais pose néanmoins de sérieuses questions, toujours.
« Sortez les mouchoirs, ils seront utiles : sur les écrans français, cette semaine, il y a une grosse tâche. ». Le site Chronic'art nous prévient, nous vilains spectateurs (trop cons) capables d'apprécier quelque chose que l'on pense être un film, mais qui n'est en fait qu'une « tâche ». A titre d'exemple... Mais alors, ces piqûres au vitriol sont-elles justifiées et justifiables ?
Ne nous faisons pas l'avocat du faux diable : Les Petits mouchoirs est loin d'être un film extraordinaire. Cependant, il est certainement aussi loin de mériter tant de regards de haut(ains). Fresque amicale à la Kasdan des Copains d'abord, Canet met en scène une bande d'amis partis en vacances. Scénario chorale, le film s'appuie alors sur les « petits mouchoirs » de ces potes, de ces mensonges faits aux autres et à soi même, leurs causes, ces indifférences et ces comportements qui ne nous amèneront pas tous au Paradis des bons, pour sûr. Si Canet parvient à un objectif, c'est bien celui d'avoir trouvé le bon ton pour faire plonger son spectateur dans une catharsis dont il ne ressortira pas. Le rythme, visiblement préoccupation première du cinéaste, trouve ses marques et ce dès un premier plan séquence absolument remarquable, variant intérieur, extérieur et valeurs de cadre dans un énorme plaisir de cinéma. Évidemment narratif, Canet opte pour une multicam quasi documentaire afin de dynamiser son récit. Avec une telle multitude de protagonistes, le scénario est d'autant plus important. Balayant ses personnages aléatoirement, parfois le film semble « flotter » mais l'évolution constante de ces derniers parvient à tuer majoritairement les longueurs à ce film de deux heures et demie tout de même.
Assez clairement, Les Petits mouchoirs permet surtout à son réalisateur de diriger des acteurs qui lui sont chers et il le fait avec une grande réussite. Ces acteurs – déjà confirmés pour la plupart – signent tous une interprétation vraiment juste donnant à l'histoire une profondeur nécessaire. Car Canet, mine de rien, malgré cette « tâche » qu'il nous inflige, dépeint un beau portrait des relations entretenues dans une époque difficilement analysable puisque nôtre. Malgré cela, à la fin (bien trop poussée...), il y a cette sensation agréable bien que pas forcément réjouissante d'avoir vu plus que des amis fictifs mais bien la représentation de sentiments et de questions qui nous hantent, inlassablement. Les Petits mouchoirs guideront de façon certaine un bon nombre de spectateurs dans un voyage imparfait mais bourré de qualités, et continuerons aussi certainement de laisser sur la touche une critique marbrée. Mais, finalement, on s'en fout.


Réalisé par Guillaume Canet
Avec François Cluzet, Marion Cotillard, Benoît Magimel
Film français | Durée : 2h35
Date de sortie en France : 20 Octobre 2010

11 avis gentiment partagé(s):

Squizzz a dit…

La guerre public/presse suscitée par Canet n'est pas sans rappeler les débuts d'un certain Luc Besson... Donc je ne m'inquiète pas trop pour l'avenir du jeune réalisateur.
Concernant "Les petits mouchoirs", d'accord ça n'est pas une révolution cinématographique, c'est un film populaire d'une facture assez classique. Mais Canet arrive à le placer bien au dessus de la moyenne du genre. Et puis il a réussi à m'offrir un fou rire et (presque) une petite larme en un seul film, donc pour ça, je ne peux que lui dire merci !

Gabriel a dit…

Je me suis bien marré, j'ai adoré les acteurs (d'autant plus que quand je l'ai vu, y'avait Canet et Lellouche dans la salle). Mais la fin est vraiment naze de chez naze, pompeuse, alors qu'elle aurait mérité tellement de finesse et de gravité contenue.

Etienne a dit…

Je rejoinds Gabriel en disant que la fin du film a été pour moi une grande déception. Pour quoi avoir voulu nous toucher en juxtaposant un long passage faussement larmoyant? Je n'ai vraiment pas compris le choix de Canet...

Fri a dit…

C'est quand même une chronique de vie très sympa, et c'est rare que le cinéma français m'offre autant de rire ! C'est frais et la réalisation assez dynamique pour un film chorale comme on dit. Le côté larmoyant de la fin ne m'a pas dérangé plus que ça, après avoir bien rigolé pendant 2h, je ne m'y attendais plus. Canet est, quoiqu'on dise, un réalisateur à suivre...

Jérémy a dit…

Je suis un peu près d'accord avec vous tous.

La fin pour moi est trop poussée. L'émotion perd de sa justesse, et finit assez lourdement un film à la durée conséquente. C'est dommage ! J'ai l'impression que la longueur du film ne se ressent que durant les 10 dernieres minutes...

Mais je crois que Canet a un réel potentiel. Le succès populaire du film en témoigne. Il touche les gens, et je pense que c'est le but de ces 'Petits mouchoirs' là.
Je rejoins ainsi ta conclusion Fri :) .

Benoît a dit…

Plus cyniquement, je dirais que le succès populaire s'explique d'avantage par un passage chez Arthur et un autre chez Denisot !! Pour moi aussi, la fin est catastrophique et c'est dommage parce que le film présente une réflexion intéressante sur l'amitié et que le reste se laisse regarder. Quant à la critique, on s'en tamponne comme tu dis. Si on l'écoutait, on n'irait pas souvent au ciné ;)

Jérémy a dit…

Je pense pas qu'un succès populaire s'explique majoritairement sur la promotion. J'ai l'impression, qu'en France en tout cas, un succès se crée par le bouche à oreilles.
En tout cas, à la sortie de la salle (pleine), les gens avaient l'air d'avoir apprécié !

La critique c'est clair ! Je me suis un peu lâché mais j'ai horreur de la critique assassine. Pour moi l'intérêt de la critique n'est pas là.

Cyril a dit…

J'ai eu beaucoup de mal avec ce film, je l'ai trouvé très vide, J'ai l'impression qu'il a été vite torché. Peu d'humanité au final, sans explorer les normes sociales, la jalousie, la haine...

Jérémy a dit…

Je trouve pour ma part que l'approche des personnages est plutôt juste (quoi que plus ou moins inégale). Tu parles d'"humanité". Contrairement à toi, j'en vois beaucoup dans les personnages de Cluzet, Magimel, Cotillard ou Lellouche.
Quant aux "normes sociales", je ne pense pas que ça soit un des sujets de Canet sur ce film... mais je peux comprendre la frustration de ne pas voir plus de parallèle critique à travers les histoires de ces potes qui se perdent et se retrouvent. Mais bon, pour moi Canet cherche plus à peindre le portrait d'une génération sous différentes facettes, dans ce qu'elle a de meilleure et de moins bon. Sous cet angle, je trouve qu'il a plutôt réussi son objectif.

Wilyrah a dit…

Je n'ai pas eu le courage. Sa longueur m'inquiétait.

Jérémy a dit…

Wilyrah : Je comprends. Après bon, je me répète, mais je n'ai senti la longueur que pendant les vingt dernières minutes qui sont trop graves, trop longues et trop insistantes. Canet n'essaie pas de tirer l'émotion du spectateur, il lui demande un fleuve de larmes... dommage car le film, autrement, est assez habile dans ses émotions "flottantes", qui varient sans cesse.

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