Après trois volets au franc succès, Disney a sans surprise programmé une seconde trilogie de sa saga Pirates des Caraïbes. Si Gore Verbinski laisse place à Rob Marshall à la réalisation et que Keira Knightley et Orlando Bloom prennent leur envol au profit de Penélope Cruz, l'équipe reste globalement au complet. Scénaristes, décors, musique, effets spéciaux... et surtout pour Johnny Depp - qui a bataillé pour faire de ce Jack Sparrow le pirate atypique qu'il souhaitait - le spectacle peut être relancé !
Si l'enthousiasme est bien au rendez-vous, il faut tout de même avouer que les 2h20 de l'entertainment hollywoodien laisse largement le temps de refroidir la machinerie... Cette Fontaine de Jouvence ne donnera en effet pas une seconde jeunesse à la saga, déjà bien essoufflée après un troisième volet gavant. Sans être foncièrement pessimiste (ah là là là, ce cynisme !), l'humour reste bien de mise. Johnny Depp campe toujours comme un gant ce pirate opportuniste, sans cesse décalé mais pourtant lucide, accro aux femmes, au rhum et son maudit Black Pearl. Ce protagoniste singulier fait toute l'originalité du film, car le brodage aux alentours ne se distinguent qu'en peu de choses de ses autres blockbusters voisins. Rythme hétérogène dosé, séquences d'action spectaculaires, musique d'orchestre vitaminée : le spectacle est au rendez-vous et saura ravir les friands des opus précédents.
Mais à bien y regarder, Pirates des Caraïbes 4 semble se suffire de sa réputation par une paresse qui néglige la nouveauté au profit d'un scénario « englobeur » et sans réel relief. Les deux méchants Barbe Noire et Barbossa sont ici l'un contre l'autre, mais ont un peu perdu de leur superbe. Il n'y a en fait aucun côté du mal qui problématise une intrigue finalement pauvrement linéaire et sans enjeux. Sparrow, pourtant maitre dans la manipulation, est ici réduit au sentimental déchu, qui suit le troupeau pour sauver sa peau. Le comble revient aux Espagnols, que les scénaristes zappent pendant tout le film, pour les faire revenir à la toute fin bien qu'ils n'y apparaissent pas plus utiles qu'absents. Enfin, en terme d'inutilité fumeuse, la romance entre le catholique et la sirène (baptisée Syrena, la trouvaille qui tue) fait aussi une belle concurrence. Reste une Penélope Cruz plutôt rafraichissante qui vient griser la liste noire. Ce quatrième volet a ainsi perdu la tension dramatique qui dynamisait les précédents , tout en se complaisant dans l'univers visuel décevant du troisième. Fini le soleil des Caraïbes, l'obscurité qui rendait le dernier film esthétiquement fadasse est repris ici, en pire. Dommage !
Bref, si les clients fidèles ne devraient certainement pas renoncer à la nouvelle version du produit, les spectateurs plus téméraires, eux, sont en droit d'imposer la nuance : Pirates des Caraïbes : la Fontaine de Jouvence se laisse consommer sans distinction comme un divertissement candide, quoi qu'un peu léger et doctoral.
Réalisé par Rob Marshall
Avec Johnny Depp, Penélope Cruz, Geoffrey Rush
Film américain | Durée : 2h20
Date de sortie en France : 18 Mai 2011
24 mai 2011
Pirates des Caraïbes : la Fontaine de Jouvence
23:23
Jérémy
12 avis gentiment partagé(s):
Je poserais un bé mol à ta critique : il n'y a que très peu de scènes d'actions et celles ci sont, de plus, pas vraiment géniales géniales. Mais sinon, bien d'accord avec toi. Même si je me suis quand même un peu fait chier devant...
Je ne l'ai pas encore vu et j'ai une petite question. Il est nettement moins bien que les précédents ou ça va encore selon toi? D'après ta critique, on dirait bien que oui mais comme je ne connais pas ton avis sur les précédents, je ne peux pas comparer :P
Moi je n'ai pas aimé. C'était trop long pour pas grand chose au final et la 3D est inexistante.
Le film a fait moins bien que les précédents à cause en partie de la 3D (voir mon article sur le box office US, http://popmovies.blog.free.fr/index.php?post/2011/05/23/Jack-Sparrow-est-le-capitaine-du-box-office-US).
Ce quatrième volet resserre sont action et gomme le défaut majeur des 2 et 3, qui s'étendaient un peu trop dans tous les sens. Par contre le souci est toujours le même pourquoi faire en 2h20 un film qui aurait gagné en rythme en se limitant à 1h50 ? L'histoire est qui plus est peu inspirée et déjà vue. Les Espagnols et l'amourette en sont les deux principales failles. Et puis effectivement où est passé l'esthétisme visuel ??? D'autant que la perte de luminosité due aux lunettes 3D n'arrange rien...
La 3D est une escroquerie, le scénario paresseux et Sparrow moins drôle qu'auparavant.
Le seul plus est la disparition du côté foutraque de l'opus précédent.
C'est peu à 10euros la place.
ouais ça a l'air bien nase... ;)
je savais pas qu'ils repartaient carrément pour une 2e trilogie ! (ça promet ! :)
Déçue aussi par le manque d'inventivité de cet opus, même si j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver le cap'tain Sparrow.
Yo : On en déjà parlé, perso je trouve les séquences d'action honnêtes, sauf la dernière où j'ai eu du mal avec l'artifice du décor studio.
Wolvy128 : Héhé. Disons que mon préféré, comme tout le monde j'ai l'impression, c'est évidemment le 1. Le 2 m'a paru moins réussi mais toujours aussi drôle. Le 3 m'a ennuyé, je trouve que le charme a été perdu. Je pense à peu près la même chose du 4 finalement...
Cécile : Je suis bien d'accord avec toi.
La 3D commence à devenir à un vrai débat je pense. Je suis contre la 3D générée en Post-prod', le rendu s'avérant vraiment inintéressant. Sur les films d'animation et l'expérimentation de la caméra Fusion pour 'Avatar' je trouve ça visuellement novateur. Je ne partais pas défaitiste pour 'Pirates des Caraïbes' car c'est cette même caméra 3D qui a été utilisée. Après je te rejoins parfaitement : elle est vraiment inutile et assombrie l'image plus qu'autre chose. J'espère que les nombreux échecs commerciaux repousseront les productions, comme cela avait été le cas pour le premier volet du dernier 'Harry Potter'.
Squizzzz : C'est vrai que l'action est sans doute mieux gérée. Reste que les défauts que tu cites gâchent en effet le spectacle. La romance entre la sirène et le catho tombe presque dans le nanar !
Flow : C'est très peu, oui ! Et je ne suis pas très optimiste pour la suite (et c'est pas souvent chez moi !).
Phil Siné : Parait-il. Il serait bien bon de rafraichir la saga...
Ashtray-girl : Il est clair que Depp n'est pas une problématique du film. J'ai lu quelques avis lassé sur sa performance... Je pense que le problème réside surtout dans la lourdeur de ce qui gravite autour de lui.
Je regrette aussi la trop longue longueur qui ne se justifie pas et créé de l'ennuie... Le seul vrai intérêt est en effet la romance entre le prêtre et la jolie sirène... pour le reste du réchauffé sans surprise.
Et encore, la romance tend vers le nanar ! Baptiser une sirène Syrena, faut oser... Mais apparemment ça marche. Poisson facile, les sirènes !
Apparemment, tu rejoins ce que dit mon "envoyée spéciale". J'ai bien fait de ne pas y aller :)
C'est un peu triste ces sagas qui ne connaissent pas de fin, justement à des fins mercantiles. Surtout que pour Johnny Depp, c'est autant de temps perdu pour signer d'autres contrats plus intéressant.
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