13 mai 2011

De l'eau pour les éléphants

1930, grande dépression, États-Unis. Étudiant en école vétérinaire, Jacob est promis à un bel avenir. Mais au décès de ses parents, le jeune homme perd tout, et commence à errer sans espoir. Par hasard, son chemin croise celui en fer d'un train de cirque, l'une des plus grandes compagnies de l'époque. Il est embauché mais tombe bientôt amoureux de Marlène, la jeune femme intouchable d'August, un patron aussi violent qu'imprévisible.
Adapté du roman de Sara Gruen, De l'eau pour les éléphants est une vraie romance de printemps, sous fond du siècle passé et de tragédie shakespearienne. Après les possédés dans Constantine et les zombies dans Je suis une légende, autant dire qu'avec cette bluette Francis Lawrence semble se calmer un tant soit peu. L'essai n'est en fin de compte ni regrettable ni extraordinaire. Le film reste honnête dans ses intentions et ses promesses, sans toutefois surprendre ou oser, au profit d'un divertissement qui se veut avant tout populaire.
Image soignée mais vois off narrative agaçante, De l'eau pour les éléphants commence comme il se termine. Naïf et narratif à l'excès, malgré son beau minois, Robert Pattinson ne suffit pas à combler les archétypes de ce conte de fée que l'on ne connait que trop pour pouvoir véritablement apprécier. Protagoniste victime au début, écroulé par le ciel, puis victorieux du mal (et de la femelle)... On connait la chanson. Tourné très nettement vers le classique efficace et un peu lourdingue, vous vous tromperez de programme en souhaitant voir autre chose de ce que vous en attendez déjà.
En fait, De l'eau pour les éléphants est ce genre de film qui s'apprécie en mea culpa. Car si le scénario est téléphoné avec quatre kilomètres de câble d'avance, il faut avouer que les yeux pétillent parfois devant ce spectacle idéalisé, romantiquement manichéen et tragiquement élégant. L'univers du cirque, assez peu exploité au cinéma, prend ici une bonne place : un théâtre dans le théâtre du monde, celui des apparences dans lequel s'enfouissent bientôt les deux jeunes amants traqués. Le travail du chef décorateur Jack Fist (David Lynch, Terrence Malick) est remarquable : la mise en scène carte postale se greffe assez joliment à la reconstitution d'époque et propose parfois de jolis moments oniriques (la montée du chapiteau, la découverte de l'éléphant). Mais le plus bel atout du film reste son personnage crapuleux, interprété par un Cristoph Walz génial (bien qu'il semble ne pas avoir quitté le plateau d'Inglourious Basterds), sur lequel s'appuie la meilleure séquence du film lorsqu'August oblige dans une cruauté quasi féline la femme infidèle et son amant à jouer théâtralement la vérité de leur relation. Reese Witherspoon, cela étant, semble avoir du mal à donner une réelle profondeur à son personnage, tandis que le séduisant Pattinson fait sa part de travail, de façon beaucoup plus convaincante qu'en vampire frigide. Séduisant, même si le conformisme de la bonne recette vient aigrir le goût, De l'eau pour les éléphants est la guimauve que l'on attendait : une sucrerie pâteuse... que l'on déguste discrètement. Alors chut !


Réalisé par Francis Lawrence
Avec Reese Witherspoon, Robert Pattinson, Christoph Waltz
Film américain, français | Durée : 1h55
Date de sortie en France : 04 Mai 2011

5 avis gentiment partagé(s):

Flow a dit…

Une amie m'a conseillé ce film mais tu mets en avant tout ce que je redoutais... Sans moi donc :)

Squizzz a dit…

Je suis d'accord avec toi, disons que ça se laisse regarder, vu qu'on sait par avance tous les défauts dont va souffrir le film. Le procédé de la voix off (et du vieux qui raconte sa vie) m'agace aussi au plus au point quand il n'a pas d'intérêt ! Mais c'est vrai que ce genre de film, s'il ne brille jamais par son histoire ultra conventionnelle, a tendance à placer son action dans de belles reconstitutions de milieux et d'époques. Ici, donc, le cirque, cadre effectivement rare au ciné. Et puis je féliciterais aussi Gary Johnson (et son éléphant Tai) pour son superbe travail de dressage.

Jérémy a dit…

Flow : Ton amie risque bien de se retrouver toute seule alors, triste !

Squizzz : Tout à fait. C'est vrai que pour la voix off, je me suis vu revenir à l'époque de 'Titanic'... Pas que le film me déplaise particulièrement, mais l'effet est devenu assez kitsch quinze ans plus tard.

Ashtray-girl a dit…

Tu l'as trouvé prévisible le film Jerem'? Sérieusement, tu t'attendais à CETTE fin? Parce que moi j'étais persuadée que ça allait être la "tendance" inverse (comment parler de la fin sans en parler, lol)

Jérémy a dit…

Franchement je suis un spectateur très vite manipulé. Mais là, bof bof !

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