23 novembre 2010

Dossier #01 : Harry Potter au cinéma

Bientôt dix ans que le petit sorcier à lunettes est apparu pour la première fois au cinéma ! C'était en 2001 avec L'École des sorciers, succès populaire de fin d'année qui confirmera à la Warner de son bon choix d'adapter l'œuvre de J.K. Rowling, à l'époque toujours en construction mais déjà très populaire.
Depuis, six films ont vu le jour sous la réalisation hétérogène de différents metteurs en scène, mais l'œil toujours aussi constant et attentif de son producteur principal (David Heyman) et bien sûr de la maman du projet papier. Les lecteurs, les spectateurs et surtout les fans de la première heure ont désormais bien grandi... mais l'engouement autour de la première partie du dernier volet, Harry Potter et les Reliques de la mort, montre que la magie reste intacte.
A la veille de la sortie officielle du film, retour sur une saga décidement bien ensorcelée...

___________________________________________________

Harry Potter à l'École des sorciers (2001)
Les studios Warner se donnent le pari d'adapter au cinéma le premier livre d'une saga lancée par une écrivaine anglaise, inconnue il y a encore quelques temps, mais d'ores et déjà célèbre. Son miracle ? Un enfant héros dans une aventure fantastique, qui découvre avec émerveillement le monde de la magie... avec une certaine amertume aussi. Il apprend qu'un mage noir a tué ses parents, et qu'il est lui-même la victime de sa disparition. Jusqu'alors... Car évidemment, Harry n'a aucune idée des aventures qu'il l'attendent à Poudlard, l'école des sorciers, où il devra avoir besoin de ses amis (Ron et Hermione) et de toute sa bravoure.
Premier livre étonnant, premier film envoutant. L'invitation au rêve fonctionne à merveille. Les studios mettent à bon escient un budget conséquent mais nécessaire. Chris Columbus – réalisateur de Maman j'ai raté l'avion – trouve logiquement ses marques et offre un beau spectacle soigné qui, à l'instar du roman, reflète un joli portrait de l'enfance.


Harry Potter et la Chambre des secrets (2002)
Même recette que le premier, même succès. Quoi que les ingrédients se noircissent déjà un peu... Harry a assisté au retour vaincu de Voldemort, le Mage noir, à la fin de l'année précédente. Mais cette deuxième année ne s'annonce pas de tout repos non plus. Une chambre secrète aurait été ouverte et son héritier sème le chaos dans l'école en pétrifiant les élèves... Le Seigneur des Ténèbres serait-il une nouvelle fois derrière tout ça ?
Dans son deuxième livre, Rowling prouve que le premier n'était pas un coup de bol. Son univers est déjà bien installé et les fils de l'intrigue se nouent déjà. Columbus parvient à saisir l'atmosphère plus angoissante de ce deuxième volet, tout en offrant toujours cette même qualité de spectacle. Harry Potter est bien parti pour devenir une saga cinématographique à succès.


Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban (2004)
Le troisième film marque le plus grand tournant dans la saga Harry Potter au cinéma. Alfonso Cuaron, réalisateur mexicain auteur d'Y tu mama tambièn, est un choix aussi audacieux qu'inattendu de la Warner. Un moyen d'utiliser à leur guise un réalisateur quasi inconnu ? Le résultat démontre le contraire. Harry et ses amis deviennent des adolescents. Là où Columbus brillait pour exploiter le thème de l'enfance, Cuaron semble saisir le changement nécessaire alors que le héros a treize ans. Photographie plus sombre, décors restitués aux allures d'une Écosse brumeuse et inquiétante, Le Prisonnier d'Azkaban pose réellement les fondations dont se serviront les prochains films. L'histoire se complexifie et tend vers une dramatisation importante (le thème de la mort, ca y est on y est) qui donne à juste titre l'intérêt de cette franchise en apparence populairement enfantine : car la vraie force des livres est à la fois l'univers magique propice à l'imagination, certes, mais aussi ces sujets abordés, profondément humains. Ce troisième film, plus grave, plus ciblé dans la véritable atmosphère de la saga, était sans doute le film à ne pas rater. Et il ne l'est pas.


Harry Potter et la Coupe de Feu (2005)
Volet pilier de la série, ce quatrième film est sans doute moins réussi que les précédents. Sans jeter la faute sur le nouveau réalisateur, Mike Newell, il y a sans doute dans ce trop plein d'action scénarisé avec des raccourcis indigestes pour les fans, cette peur de lasser un public qui commence à bien connaître Harry Potter, ses potes, ses problèmes et son école. Le livre, beaucoup plus dense, donne bien du fil à recoudre... Il y a dans cette suite, un équilibre un peu perdu, un univers un peu oublié, mais du spectacle avec un budget qui se voit à l'écran. La séquence aquatique reste dans les mémoires (des cinéphiles en général je pense) de par sa beauté et sa virtuosité technique. Également, La Coupe de Feu permet enfin de voir la véritable résurrection de Voldemort qui replonge (enfin ?) le film dans une noirceur pertinente. Ralf Fiennes se révèle parfait dans la peau glissante et ondulante du Seigneur des ténèbres. On peut aussi retenir la performance d'acteurs, le scénario osant plus dans les émotions du fait de l'expérience de Radcliffe (séquence de la mort de Cédric par exemple), Grint (potentiel comique) et Watson (scène mélodrame du bal de Noël...). Les personnages se creusent malgré le fait que cette page là est sans doute moins réussie que les précédentes. Mais sa fin (le retour de Voldemort) en tourne d'autres qui promettent déjà de nouvelles expériences.


Harry Potter et l'Ordre du Phénix (2007)
Voldemort est revenu mais personne ou presque n'ose vraiment croire Harry... ou ne sont pas prêts à croire. Subtile revirement dans le livre de Rowling qu'un nouveau réalisateur sortit tout droit des téléfilms, David Yates, est avide de mettre en scène. L'Ordre du Phénix retrouve l'esprit qu'avait perdu le volet précédent. Même si scénaristiquement le film prend de plus en plus de libertés vis à vis du roman (compréhensible vu sa densité, sans rappeler que le cinéma et la littérature sont deux écritures différentes), le tout se tient bien, mieux que le côté expédié reproché à La Coupe de Feu, et libère une certaine insolence malicieuse – Harry et ses amis se rassemblent et brisent les règles du Ministère pour vaincre Voldemort – tout en excellant dans l'émotion et le spectacle. Le paroxysme se retrouve à la fin, où après une bataille exceptionnelle et visuelle entre les deux plus grands magiciens, la séquence la plus émouvante et envoutante de la série se révèle vraiment très juste dans ce que résume toute cette histoire (l'amour, l'amitié, la pitié, l'ignorance...). Bonne réussite, qui a déjà le simple mérite de paraître fluide bien que le roman soit le plus complexe.

Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé (2009)
Le potentiel problème pour un avant dernier film est de se contenter d'annoncer le dernier. Heureusement, la matière de Rowling tente de déjouer au maximum cette fatalité par un jeu habile par découverte de qui est vraiment Voldemort, de son enfance à son échéance. Yates, rôdé, reprend le flambeau et offre un spectacle d'une qualité toute aussi satisfaisante. Moins énergique que les autres volets, sans doute plus narratif, Le Prince de Sang-Mêlé a néanmoins cette belle réussite d'évacuer un manichéisme facile en s'attachant aux raisons d'un déclin. Il est sans doute le volet le plus psychologique, car les émotions n'ont jamais été aussi dures à porter aussi bien au niveau amoureux, que dans le doute de soi (Harry, décidement très bien interprété par Daniel Radcliffe). Il y a beaucoup du troisième volet dans cette pré-fin qui noue de la même façon les fils, ici pour parvenir à la fin à un climax insurmontable pour les impatients. Et beaucoup de savoir-faire, évidemment, par une équipe et une machine qui tourne à plein régime.
...............................................................................................................................................
Cette machine va pourtant bientôt s'éteindre. Celle qui, malgré son côté industriel indiscutable et son goût du chiffre, a donné à cette saga une qualité certaine. De la nostalgie des premiers films et des premières lectures pour toute une génération (qui est la mienne), à l'exigence grandissante au fur et à mesure des adaptations, Harry Potter a su donner au cinéma ce qu'un grand nombre de personnes, peu importe leur âge, attendait de voir sur un grand écran : une fenêtre ouverte sur un univers, qui attend de vous tendre la main une quasi-dernière fois dès demain.

10 avis gentiment partagé(s):

Squizzz a dit…

J'ai bien failli faire le même type d'article mais j'ai pas eu le temps. Par contre il y aurait eu un certain nombre de divergences.
Je suis d'accord avec toi sur les 3 premiers films. "L'école des sorciers" est un très bon film pour enfants (et grands enfants) et à l'avantage de prendre son temps, ce qui fera défaut à pas mal des autres films de la saga. Avec "La Chambre des secrets" Colombus signe un très bon thriller pour pré-ados. Cuaron a quant à lui su donner le coup de pied nécessaire dans le monde propret de Colombus, pour que la saga ne s'enfonce pas dans un univers trop enfantin. Si "Le prisonnier d'Azkaban" est sans aucun doute le plus beau visuellement, il n'est pas mon préféré car je lui trouve un déséquilibre dans son rythme (mais je fais le même reproche au roman) : la première partie va vite (plusieurs mois défilent) puis durant la seconde moitié ne se passent en fait que 24 heures, que l'on vit en plus deux fois ! D'où un peu d'ennui, surtout quand on connaît l'issue du suspense...
Et ensuite c'est là qu'on ne va plus être d'accord ! Je classe "La Coupe de feu" comme le meilleur de la saga, tant au niveau du roman que du film (ça a peut-être un rapport en fait, lol). Il y a peut-être plus d'action mais je trouve que c'est peut-être un des épisodes qui prend aussi le plus le temps de s'intéresser au lien qui lie les personnages, et montre le mieux leur quotidien. Le film ose même plus dans la représentation de l'adolescence que le roman, assez pudique. C'est aussi le film qui révèle le talent de Rupert Grint, qui s'il n'était qu'un second rôle comique jusque là, prend ici vraiment de l'importance, et s'impose comme le meilleur des trois jeunes interprètes pour le reste de la saga. Le seul reproche que je ferais à ce quatrième épisode est sa fin un peu expédiée, empêchant l'émotion et la peur de nous gagner.
Je ne serai de nouveau pas sur la même longueur d'onde que toi concernant "L'ordre du Phénix". M'étant un peu ennuyé en lisant le livre, je pensais que le film saurait couper les passages longuets. Et bien je me suis aussi un peu ennuyé devant le film. Autre reproche au scénario : trop flou pour qui n'a pas lu le livre. Je ne suis pas fan des explications trop longues qui plombe le rythme d'un film, et je comprends sans problème la différence entre le langage littéraire et cinématographique, mais résumer la prophétie en 2 lignes qui n'expliquent rien de plus que le spectateur ne sait déjà, me paraît trop léger. Et si on ajoute deux scènes clés du roman (la mort de Sirius, le premier baiser de Harry) tout simplement loupées, on obtient pour moi le moins bon épisode de la saga.
Pour ne pas terminer sur une note négative, heureusement il y a le sixième épisode, avec lequel je rejoins à nouveau ton avis. Un épisode qui offre moins de spectacle mais qui prend plus le temps de s'intéresser aux personnages. Pour moi c'est celui qui reflète le mieux l'esprit des romans, et ceux qui lui reprochent son manque d'action et son trop plein de sentimentalisme sont à mon avis une majorité à n'avoir jamais ouvert un livre de Harry Potter. S'ajoute un réalisation très soignée et un magnifique photo, qui en fond mon deuxième film préféré de la saga.
Finalement vu la longueur de mon commentaire, j'aurais peut-être eu le temps d'écrire mon article. Tant pis, il sera sur ton blog ;)

Jérémy a dit…

Merci pour ta contribution Squizzz ! :)

Je comprends plus ou moins tes arguments. Pour le cinquième volet, c'est vrai que l'importance de la prophétie est totalement décompléxifiée. Un peu pareil pour celle du Prince dans le sixième volet d'ailleurs... (la scène de la révélation est trop téléphonée). Ce sont des raccourcis pas très sympas pour les amateurs du roman, mais qui permettent de rendre sans doute plus accessibles les films aux non lecteurs.

On a pas la même approche de 'La Coupe de Feu' c'est vrai. La vision de l'adolescence je la trouve mieux ciblée dans le cinquième film par exemple... et je trouve le personnage de Ron plus drôle dans les autres volets.
Il n'y a pas que la fin qui me semble expédiée, mais bien le film tout entier. Après je lui trouve quand même des qualités ! (La séquence de l'eau, absolument superbe)

En quoi tu trouves les deux séquences de 'L'Ordre du Phénix' "loupées" ? (baiser Harry-Cho et mort de Sirius)

En tout cas, on est bien d'accords sur 'Le Prince de Sang-mêlé" que j'aime classer à part :) .

Squizzz a dit…

Je n'ai rien contre les raccourcis dans les adaptations ciné des romans, mais dans le cas de "L'Ordre du Phénix" je trouve que plutôt que de rendre plus accessible l'histoire à ceux qui n'ont pas lu le roman, ces raccourcis les larguent quelque peu, pour finalement s'adresser essentiellement aux lecteurs des livres.
Pour ce qui est des 2 scènes en question, je pense qu'elles montrent bien que ce qui marche dans un livre ne fonctionne pas forcément à l'écran. La scène du baiser manque de naturel je trouve. La relation de Cho et Harry, tous deux mal à l'aise et maladroits, est largement développée en amont dans le roman à travers plusieurs séquence du même type (comme à Pré au Lard), ce qui fait que le baiser fonctionne. Dans le film, tout est résumé dans cette scène, ce qui crée ce manque de réalisme, tout va un peu vite. La discussion qui précède le baiser est en décalage avec ce baiser, d'ailleurs le montage s'appuie beaucoup sur le gui pour faire la transition. Peut-être qu'en remplaçant le gui par quelques regards complices, le baiser serait mieux passé... Et puis la pudeur du baiser m'énerve un peu (mais ça va avec le malaise des personnages)
Pour la mort de Sirius, en lisant le livre je me suis dit que s'ils arrivaient à la transposer à l'écran avec émotion, ils étaient forts. Car si dans le roman, l'aspiration par l'arche est une façon poétique de le faire mourir, dans le film je trouve que ça passe moins bien (sans compter que ceux qui n'ont pas lu le livre, doivent être un peu perdus). Et puis la rupture de rythme juste avant sa mort coupe la brutalité et l'inattendu de la scène. Pour faire jaillir l'émotion il faudrait faire une pause plutôt après la mort qu'avant. Mais si c'est possible dans le roman, dans le film c'est difficilement faisable car on est à un moment du film où l'action ne peut être coupée. Yates a donc choisi d'enchainer rapidement avec la colère de Harry, et je pense que c'était le meilleur choix, même si on perd en émotion.
Donc plutôt que de dire que les scènes sont loupées, je dirais qu'elles n'étaient pas facile à réussir.

Jérémy a dit…

La pudeur et la gêne du baiser se retrouvent peut-être aussi dans le film ? Puis le cout des "nargols" et du gui m'a fait sourire.
Et le moment d'émotion à la mort de Sirius (coupe du son, pour rentrer dans la subjectivité d'Harry) est quelque chose que j'aime beaucoup.

Mais je suis d'accord, ce sont des séquences difficles à approcher (dans le livre aussi). Personnellement, dans les films, ce sont plus d'autres moments qui me gênent.

Gabriel a dit…

Dis-donc, ta nouvelle présentation déboîte !

La saga harry potter est plutôt bonne du point de vue du divertissement, et bien menée (scénario, féérie...) là où Twilight se mange dans le navet, moche et ridicule.

Le plus beau, c'est le troisième, d'Alfonso Cuaron, sans conteste. Le temps, la mort...

Mais j'aime bien le nouveau coup de fouet de Yates, le cinquième avait une certaine fougue dans le montage, un peu labyrinthique (je me souviens de journaux géants qu'on survole), et la scène du département des mystères (si je me souviens bien du nom) était très réussie, que ce soit dans l'ambiance sombre, dans la chute des sphères, ou dans les batailles orchestrées comme des numéros de valse, très esthétiques.

Je suis un des rares à avoir aimé le dernier Harry Potter (6). Principalement grâce à sa photographie, époustouflante de poésie. Une bonne ambiance, et une scène sublime de la grotte, avec la mort du "père".

Il y a du bon dans Harry Potter, même si c'est évidemment formaté, taillé pour le grand divertissement. Je suis curieux de voir le 7ème.

Jérémy a dit…

Je te rejoins parfaitement Gabriel :) .

J'aime bien aussi la dynamique de 'L'Ordre du Phénix' pour moi très différente de l'aspect expédié de 'La Coupe de Feu' qui donne l'impression de tout vouloir caser (désolé Squizzz ;) ).

Je pense que le 6 a plut généralement aux lecteurs des livres. Mais étant plus narratif, les spectateurs l'ont moins bien accueilli que les autres c'est certain.

On est d'accord sur le côté "formatée" de l'industrie Harry Potter. Il serait fou de le nier. Mais je trouve ça dommage de ne résumer les films qu'à ça ; car comme toi je pense qu'il y a du bon et que les deux ne sont pas incompatibles... Mais peut-être que je me trompe.

Wilyrah a dit…

Jolie rétrospective, chapeau ! Un bémol cependant pour le volet 4, même si le final est en effet très bon.

Jérémy a dit…

D'accord avec toi ;) .

Flow a dit…

Cette saga a son importance c'est certain mais n'ayant jamais lu les livres et les films m'ayant pour la plupart ennuyés, je suis quelque peu extérieur à tout çà.
Je retiens le troisième opus, le seul offrant une vision de réalisateur sur l'univers de quelqu'un d'autre.
Le sept relève enfin la tête après les déplorables cinquième et sixième opus.

Jérémy a dit…

Je comprends que le 3 marque les esprits des spectateurs qui ne sont pas attachés au livre, car c'est sans doute le plus pensé visuellement.

Enregistrer un commentaire

Twitter Delicious Facebook Digg Stumbleupon Favorites More

 
PBTemplates pour le design | Merci de me contacter avant toute utilisation du contenu de ce blog