14 août 2010

Paris


Après avoir baladé sa caméra à Barcelone, Londres ou encore Saint-Pétersbourg pour L'Auberge espagnole et Les Poupées russes, Cédric Klapisch retourne et se concentre sur sa ville natale. Plus que de revenir géographiquement aux origines, il rétrograde également la forme. Film chorale comme l'un de ses premiers films Rien du tout en 1992, Paris s'annonce une nouvelle fois comme un projet très personnel. Au casting, les têtes d'affiche se croisent et se décroisent pour notre plus grand plaisir : Durris, Binoche, Dupontel, Luchini, Cluzet, Lellouche... beaucoup d'acteurs connus donc, réunis dans la capitale française pour un film plutôt attendu, Klapisch s'étant fait nom certain aussi bien pour la critique que le grand public.
Tous ces bons ingrédients annoncent-ils alors une réussite au final ? Eh bien autant se la jouer à la normande et dire aussi bien oui que non. D'abord, le film peine à trouver son rythme. Klapisch ayant fait le choix d'une (grande) pluralité de personnages, il semble à la fois hésitant et trop pressé de les présenter tous au spectateur, alors un peu perdu. La question plane surtout autour de Pierre. Incarne t-il un protagoniste comme nous le suggère le synopsis ou bien tous les personnages sont-ils des satellites qui se tournent autour ? L'hésitation crée un déséquilibre, d'autant plus que l'on sait Romain Duris très important pour le réalisateur.
Malgré ces défauts dus à une forme complexe qui a du mal à se mettre en marche, petit à petit la chorale se met chanter en canon, la vie des différents personnages se contredisant et se répondant en même temps. Klapisch n'est plus dans une vision "bordélique" du monde, mais harmonise toute une ville et ses habitants. Évidemment, il se joue des archétypes mais de façon plutôt subtile. Déception, pourtant, pour le personnage de Luchini qui donne l'amère impression de ne pas réussir à sortir de son cliché en évoluant que très peu. La parenthèse parisienne avec l'histoire de l'immigré n'est pas essentielle non plus car trop maladroite dans son récit simplet. Les personnages les plus intéressants resteront celui de Binoche, malheureuse quadragénaire avec des soucis à relativiser face à son frère, et celui de Dupontel, superbe de retenu et de sensibilité. Les acteurs sont bien à la hauteur de ce que l'on espérait.
En fait, Paris captive, touche mais dans une catharsis inégale selon les histoires racontées. Ni mauvais car l'exercice est bien plus périlleux qu'il n'en a l'air, ni excellent car des défauts sont bien présents, Klapisch s'emmêle un peu les pinceaux avec une forme compliquée qui l'écarte de la simplicité narrative qu'on lui connait et que l'on apprécie. Mais en fermant les yeux sur ces quelques imperfections, le réalisateur questionne et émue toujours autant dans sa naïveté face aux drames, son relativisme face à tout ce qui peut nous nuir ; pour encore nous donner l'impression de vivre un condensé de vie en deux petites heures, et un doux sourire à la clef.


Réalisé par Cédric Klapisch
Avec Juliette Binoche, Romain Duris, Fabrice Luchini
Film français | Durée : 2h10
Date de sortie en France : 20 Février 2008

3 avis gentiment partagé(s):

Squizzz a dit…

Je n'ai pas revu "Paris" depuis sa sortie en salles, mais c'est vrai que j'en garde un souvenir assez proche de ce que tu décris. Notamment dans le fait que les histoires et les personnages développés étaient assez inégaux dans leur capacité à nous toucher. "Paris" est effectivement un peu à part dans la filmo de Klapisch, plus travaillé, moins spontané.

Jérémy a dit…

C'est ce que je pense aussi, "plus travaillé, moins spontané" c'est exactement ça.

contre-plongee a dit…

Je susi plus sévère que toi: j'ai presque détesté ce film ! Fan des "Poupées russes" et de "L'auberge espagnole", j'ai été terriblement déçu par cette vision chichiteuse et clicheteuse de Paris par Klapisch, pas très au final de "Paris, je t'aime". Tous les acteurs ne sont pas bons, même si certains sortent du lot. On éprouve aucune empathie pour les personnages, pas même pour celui campé par Romain Duris et le scénario ne recèle d'aucune surprise, d'aucune richesse qui faisait tout le charme des précédents Klapisch. Je suis normand, mais ce coup-ci, ce sera seulement NON !

Enregistrer un commentaire

Twitter Delicious Facebook Digg Stumbleupon Favorites More

 
PBTemplates pour le design | Merci de me contacter avant toute utilisation du contenu de ce blog