28 février 2012

La Colline aux Coquelicots

Après Les Contes de Terremer, Goro Miyazaki réalise son deuxième long métrage avec le studio Ghibli. Fondé par son père, c'est ce même Hayao Miyazaki qui lui aura donné ses lettres de noblesse à travers des chefs d'œuvre intemporels : Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro, Le Château ambulant... Désormais réputé dans le monde entier, Ghibli est devenue la référence nippone du film d'animation.
Aujourd'hui le studio connait un renouveau générationnel : petit à petit, quelques techniciens succèdent à Hayao Miyazaki dans la réalisation. Après Hirosoma Yonebayashi pour le très bon Arrietty, le petit monde des chapardeurs, le fils du maître Hayao rempile une seconde fois. Malgré les apparences, cette succession n'a rien d'évident, Goro Miyasaki ayant longtemps hésité à suivre la voie de son père. Fâchés sur Les Conte de Terremer, pour La Colline aux Coquelicots père et fils semblent s'être réconciliés puisque c'est Hayao en personne qui signe le scénario de ce nouveau Ghibli.
Il est d'ailleurs beaucoup question d'héritage dans cette nouvelle Colline aux Coquelicots qui s'offre sur les écrans français : le récit est celui d'Umi, une jeune lycéenne, meurtrie par la disparition de son père marin. Au lycée, elle rencontre Shun, un jeune homme séduisant et concerné par les affaires politiques de son établissement. Ils tombent rapidement amoureux l'un de l'autre. Mais en regardant une photo du père défunt d'Umi, Shun, également orphelin, réalise qu'ils pourraient tous deux partager le même père. Goro Miyazaki s'affirme une fois pour toute comme un metteur en scène inspiré. Le film croise plusieurs thèmes familiers aux productions voisines : question du deuil paternel, du pouvoir de la jeunesse sur la politique de son pays (ici reflété par la rénovation du quartier latin du lycée), de l'amour-espoir ; tout ceci sous fond de l'héritage, problématique que connait sans doute très bien le réalisateur.
La réussite de Goro Miyazaki tient en ce qu'il recycle de façon efficace les éléments qui ont fait le succès et la bonne facture du studio : animation splendide, simplicité narrative, Goro Miyazaki retranscrit la vie quotidienne d'une jeunesse (nombreuses scènes de repas, de cuisine, de ménage) tout en la mettant pertinemment en question. Les films d'animation nippons ont cela de beau qu'ils s'offrent aisément à une lecture limpide appréciée des plus jeunes, tout en se faisant le témoin d'une époque, d'une culture, d'une philosophie qui implicitement ne cesse d'interroger l'humain. Si Hayao l'interroge dans son rapport au monde, ici Goro met plus précisément en relief la jeunesse face à son avenir dans un certain idéal moral : prise de conscience et souvenir du passé (la restauration du quartier latin), connaissance de ses origines pour mieux y rendre honneur, à sa manière La Colline aux Coquelicots a trouvé la bonne recette pour combler les attentes du spectateur. Et à Goro Miyazaki de tracer progressivement sa voie en tant que cinéaste, dans les grands sentiers battus de son père.


Réalisé par Goro Miyazaki
Avec Masami Nagasawa, Junichi Okada, Keiko Takeshita
Film japonais | Durée : 1h31
Date de sortie en France : 11 Janvier 2012

>> Ghibli sur le blog : critique d'Arrietty, le petit monde des chapardeurs

4 avis gentiment partagé(s):

Moskau a dit…

Agréable, mais manquant un peu d'originalité...

Marcozeblog a dit…

Oui, et il faut préciser qu'ici le propos n'est en rien fantastique. On y raconte une bluette pleine de charme dans un port nippon des années 60 et le mode de vie traditionnel des japonais. Un joli moment de
cinéma. @+

Jérémy a dit…

Moskau : C'est vrai que Goro Miyasaki souffre un peu de l'étendu de l'imaginaire crée par son père. L'intérêt que je trouve dans La Colline aux coquelicots c'est de chercher, dans une certaine cohérence, à s'en éloigner. Ceci en signant un film très personnel (le film est la question de son héritage est au cœur même de l'histoire).

Marcozeblog : Assez d'accord. Après ca reste en-dessous, encore, du génie des films cultes de Hayao Miyazaki.

Chris a dit…

J'ai beaucoup aimé cette veine "naturaliste" qui tranche avec le fantastique de papa.
Mais dis moi, participeras tu au Festival de Printemps 2 sur Christoblog ?

Enregistrer un commentaire

Twitter Delicious Facebook Digg Stumbleupon Favorites More

 
PBTemplates pour le design | Merci de me contacter avant toute utilisation du contenu de ce blog