28 février 2012

Cheval de guerre

L'éternel enfant prodige d'Hollywood n'a pas fini d'inonder les toiles du monde entier avec ses histoires. La petite rejoint à nouveau la grande, ici pour la première fois en pleine Première Guerre Mondiale (seule la Seconde croisait alors les récits de 1941, L'Empire du soleil, La Liste de Schindler et Il faut sauver le soldat Ryan). Dans un campagne anglaise, le jeune Albert, très attaché à son cheval, est obligé de s'en séparer au début de la guerre : l'armée le perquisitionne pour le front. Au cœur des combats, le cheval vit alors un étrange destin qui le conduit entre les mains de soldats britanniques et allemands, et d'un fermier français et sa petite fille.
Après l'adaptation du célèbre Tintin, c'est au roman plus anonyme de Michael Morpurgo que décide de s'attaquer Steven Spielberg. Amour indestructible, périple héroïque qui revisite un événement célèbre de l'Histoire... il ne faut pas chercher très loin pour comprendre ce qui a pu séduire le cinéaste américain dans cette épopée. Mais loin s'en faut de critiquer cette poursuite, Spielberg est au contraire prodige dans le grand spectacle populaire : mariant comme nul autre son talent de mise en scène avec des blockbusters de gros calibre, le réalisateur a depuis longtemps montrer l'étendu de son savoir-faire. Une fois encore, on ne peut qu'être ébahi devant ce spectacle à l'élégance folle, sublimé par la photographie de Janusz Kaminski. Décors somptueux, précision du cadre, fluidité du scénario fleuve ; Cheval de guerre n'est pas le film du début de la fin pour Spielberg qui, comme son cheval Joey, continue infatigablement de galoper dans une liberté totale.
Malgré sa durée, Cheval de guerre est parfaitement calibré pour le grand public. Il l'est d'autant plus que Spielberg assume sans concession un mélodrame exacerbé et revendiqué dans la veine du grand classicisme hollywoodien. Mais si la beauté du film épate une fois encore dans sa simplicité déroutante à faire voyager le spectateur, reste que Cheval de guerre trouve parfois ses limites dans plusieurs mièvreries de passage (la ferme française, les nombreux archétypes du genre). Si bien que considérer le film comme l'un des grands de son auteur serait omettre les facilités déconcertantes du récit – on en devine les issues et les ressorts à chaque fois – qui donne alors la part belle à une émotion débordante, surenchéri par la musique de Williams. Attendre de Cheval de guerre le témoignage de La Liste de Schindler ou l'amour fou du chef d'œuvre E.T. L'extra-terrestre reste alors un leurre. D'une certaine manière, ce n'est pas ce qui semble intéresser Spielberg qui, dans un plaisir communicatif, s'évertue à donner corps et âme à une belle histoire, aussi naïve soit-elle. A l'image de la magnifique séquence de fin toute en sépia et contre-jour, on continue de rêver à yeux ouverts. Mais au réveil, un vague souvenir d'avoir fait de plus beaux songes.


Réalisé par Steven Spielberg
Avec Jeremy Irvine, Emily Watson, Peter Mullan
Film américain | Durée : 2h27
Date de sortie en France : 22 Février 2012

8 avis gentiment partagé(s):

Portmaniaque a dit…

Je ne l'ai pas encore vu mais ce film fait partie des films de 2012 que j'attendais avec le plus d'impatience. Dès mon retour de vacances, je cours dans une salle de cinéma et je viens redonner mon avis par ici :)

Squizzz a dit…

Visuellement le film est superbe, mais je déplore qu'il s'adresse trop aux 10-12 ans en oubliant les plus grands. Et surtout je trouve qu'on a du mal à s'attacher au cheval, et que le film manque de cohérence (certains passages sont vraiment secondaires).

Wolvy128 a dit…

Pareil pour moi, je regrette un peu que le film se dirige plus vers le conte que vers le récit historique car ça donne lieu à des scènes pas toujours très cohérentes. Mais bon le film est superbe sur la forme et reste tout de même assez agréable à suivre malgré la longueur. J'en dirais plus dans ma critique qui arrive très prochainement :)

Chris a dit…

Une horreur pour moi, une lumière artificielle qui engonce le film dans une carapace de formol...

Flow a dit…

Guère apprécié ce film atypique.
Du sentimentalisme exacerbé, une musique trop pesante, une durée qui dureeeee (hum) et surtout une fâcheuse hésitation. Film de guerre ou film familial? A vouloir être efficace partout, Spielberg l'est nulle part.

David T a dit…

Je suis partagé sur Cheval de Guerre. Parfois trop niais, parfois flamboyant, le film reste, malgré l'hésitation.

Jérémy a dit…

Portmaniaque : N'hésite pas ;) .

Squizzz : Le passage dans la ferme française est quand même assez ridicule... Et ces passages en creux sont autant à regretter que certaines séquences sont vraiment extraordinaires.

Wolvy128 : Oui le film est agréable. Après on en attend toujours un peu plus de Spielberg...

Chris : Une carapace de formol ? Ah c'est quoi ? :D
Esthétiquement le film est quand même superbe (la traversée du cheval dans les tranchées est extraordinaire, l'attaque chevaleresque...). Mais tout est extrêmement tiré par les cheveux et les ficelles sont énormes : je pense qu'il faut se déconnecter de la renommée du cinéaste pour adhérer réellement au film.

Flow : C'est sur que c'est du grand mélodrame de tradition... Je ne suis pas vraiment client non plus.

David T : J'ai le même ressentiment. On reste déçu, mais une déception peuplée de souvenirs ponctuellement superbes.

Christophe a dit…

Ce n'est pas un film de guerre, mais un conte. En ce sens, qu'il ne soit pas un témoignage à la manière de La liste de Schindler ne me pose pas de problème. Quant à la remarque de Chris, il ne faut guère y prêter attention... Qu'il regarde deux ou trois films de la grande époque d'Hollywood, à laquelle fait ici référence Spielberg, et on en reparlera... Avant de porter des critiques à l'emporte pièce, il faut déjà réviser ses classiques. Ce n'est pas mal pour l'humilité :)

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