12 août 2011

Super 8

Les blockbusters n'ont pas fini d'envahir les salles obscures climatisées de l'été. Tandis que chaque année relève de plus en plus haut la barre du spectacle synthétisé, force est bien de constater que Super 8 est l'excellente surprise de la saison.
On pouvait pourtant se douter du potentiel de J.J. Abrams, faiseur de rêves précoce à Hollywood. De ses premiers scénarios (Armageddon, Une Virée en enfer...), au lancement de ses séries télévisées (Felicity, Alias, Lost, Fringe), cet amoureux du spectacle haute voltige en cachait plus dans sa besogne que ne le présageait ses premières réalisations traditionnelles Mission Impossible 3 et Star Trek. De la même façon que Matt Reeves et son Cloverfield, Super 8 fait preuve de l'inspiration de la génération post-Spielberg et autres Lucas qui allie la nostalgie des premiers blockbusters à une liberté de création technologiquement plus aisée. Car à ne pas s'y tromper, derrière ses allures de gros budget, ce Super 8 se présente avant tout comme un hommage enveloppé dans un savoir-faire technique récent.
Dans cette époque où la guerre aux effets spéciaux fait rage entre les grands studios, la différence devient un gage malicieux de qualité. Des premiers Spielberg et Star Wars aux artisanaux Hellboy de Guillermo Del Toro, Super 8 est un concentré d'inspirations qui viennent s'empiler à un vaincu bien réel. Années 80, une ville en plein Midwest américain avec ses célèbres rues bétonnées et sa haute technologie (talkies-walkies, walkmans, gameboys...), la nostalgie rétrospective séduira tant les geeks que les amateurs de cinéma hollywoodien. Et convaincre tous les publics est bien la réussite du film. Dans ce décor bien connu, un groupe d'enfants passionnés de grand écran et de films spaghettis sont les témoins d'un accident de train cachant – évidemment – de grands secrets... Attaché au suspens du non-dévoilé comme pouvait l'être Hitchcock, le récit d'Abrams s'articule ensuite autour d'un mystère qui se joue du spectateur et une intrigue recyclée d'E.T. Ce n'est donc pas tant dans la singularité du scénario que le film d'Abrams convainc mais plus dans sa simplicité de ton (l'adolescence juvénile est ici troquée avec l'enfance asexuée, l'ennemi n'est pas l'envahisseur...). Si la morale du « c'était mieux avant » était à craindre, elle est balayée par l'incroyable travail d'effets spéciaux mené par Dennis Murren. Confiné au travail photographique remarquable de Larry Fong (le bras droit de Zack Snyder) et musical du compositeur Michael Giacchino, le résultat est aussi éclectique qu'original. La tendresse apportée par les jeunes protagonistes talentueux arrive dans ce bordélique mélange d'époques comme une cerise sur le gâteau.
Alors même si l'histoire se repose jusqu'à la fin sur des acquis, si le suspens fil rouge peut décevoir de par son envergure un peu surestimée, Super 8 s'impose tout de même comme une vraie réussite. Entre esthétisme rétro teinté de flares bleutés et d'effets spéciaux hallucinants (l'accident du train est une merveille), Abrams livre un blockbuster vitaminé et agréablement personnel dans un paysage technologiquement trop anonyme. Et un conseil de cinéphile à cinéaste : encore !


Réalisé par J.J. Abrams
Avec Kyle Chandler, Joel Courtney, Elle Fanning
Film américain | Durée : 1h50
Date de sortie en France : 03 Août 2011

17 avis gentiment partagé(s):

Mo5kau a dit…

Un peu déçu par l'histoire, je n'y vois rien de très original (le coup de l'E.T. qui veut rentrer chez lui et l'armée qui se met à dos la populace, c'est quand même du déjà-vu). Pour le reste, c'est du beau boulot.

Arthurlaputain a dit…

smear ≠ flare, ici ce sont les flares bleutés de notre bon vieil objectif anamorphique de chez panavision...

C'est d'ailleurs assez intéressant de constater qu'Abrams n'utilise ni la 3D ni le numérique : le film est quasi intégralement tourné en 35mm à l’exception de quelques plans de coupe lors de la scène du train où un vilain rolling shutter trahis la présence de la redone MX.

On peut penser qu'Abrams tient à nous signaler que c'est bien dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleurs soupes et ce aussi bien du point de vue scénaristique qui pousse l'intrigue le long d'un autoroute balisée mais aussi du point de vue technique où on continue à penser dur comme fer que notre cher kodak vision3 à de beaux jours devant elle.

neil a dit…

Tiens, je ne savais pas que JJ Abrams était le scénariste d'Armageddon. Tu as raison, le film est une très belle surprise, qui revient aux basiques d'antan combinés à une technique actuelle maitrisée. On passe un bon moment de cinéma.

Flow a dit…

Excellent! L'enfance est très bien traitée. J'ai adoré!

ptiterigolotte a dit…

J'ai hâte de le voir... ça m'a l'air très spectaculaire !
p.s : mon blog va bientôt migrer sur overblog (Allociné a décidé de fermer sa plateforme) je te tiendrai au courant de ma nouvelle adresse !

Bob Morane a dit…

Avis mitigé pour ma part. J'ai été relativement déçu d'un résultat aussi mièvre. Les enfants sont sympas, l'histoire déjà vu, les effets sont super. Long et sans passion... à mon goût

Wilyrah a dit…

Pas spécialement impatient (plutôt méfiant même), j'irai tout de même le voir fin Août ;) Bonne continuation !

2flicsamiami a dit…

Pour moi le meilleur blockbuster de cette années. Et la filiation avec Hitchock est très bien trouvé (certaines scènes me font penser à celle dans Les Oiseaux ou Tippi Hedren est assise près de l'école et l'on voit les oiseaux s'installer derrière elle)

ptiterigolotte a dit…

Vu. Même avis que Bob Morane. J'ai été un peu déçue, je m'attendais à mieux. L'ombre de Spielberg plane sur ce film et il y a quelques longueurs vers la fin. Dommage car c'est une très bonne histoire et les effets spéciaux sont réussis.

Squizzz a dit…

Je m'avance un peu, la saison estivale n'étant pas finie, mais je pense qu'on tient là le blockbuster (voir le film ?) de l'été

Jérémy a dit…

Mo5kau : L'intrigue du monstre est certes peu originale... mais secondaire. 'Super 8' s'attache surtout à l'enfance je trouve, la figure maternelle et également au cinéma hollywoodien de la génération passée qui savait parler de façon sensible aux enfants, et à ceux que nous restons. L'allusion à E.T. marche parfaitement dans ce sens aussi à mon avis.

Arthrulaputain : Merci pour ces précisions techniques !
En effet, l'effet numérique du smear n'a rien à voir aux flares physiques qui se reflètent sur les objectifs. Mille excuses, c'est corrigé !
Au delà de l'aspect technique, ce choix esthétique est intéressant et se veut encore la nostalgie des blockbusters d'il y a 20 ans, ce que t'appelles justement "les vieilles marmites". Le public américain a apparemment détesté ces "lignes bleutées" beaucoup pensant que c'était un bug de projection. Quel dommage ! Je trouve l'effet d'une authenticité précieuse (Larry Fong a du apprécier la liberté esthétique donnée par Abrams, d'autant que le film s'est de beaucoup construit sur le tournage). Le numérique est une superbe avancée, mais il est vrai que 'Super 8' rappelle un peu de façon mélancolique que les origines restent prédominantes et incomparables. "Mélancolique" notamment dans ce passage merveilleux où les deux enfants regardent les images projetées de la mère, maintenant disparue. La pellicule, le mouvement qui se crée par l'enchainement des photogrammes, la photographie qui se met à vivre... 'Super 8' semble toucher du doigt le fondement même de l'amour du public pour le cinéma.

Neil : Oui, le mélange entre la vieille recette et les prouesses numériques est assez réussi. Un des moments les plus frappants et le regard que porte la bête sur l'enfant, avec en incrustation numérique les yeux de la mère : l'exemple parfait d'un classique du genre combiné aux possibilités techniques d'aujourd'hui.

Flow : L'enfance est au cœur du film, oui. J'aime beaucoup l'importance du protagoniste, et toutes les petites graines que sème Abrams ici et là. Comment le personnage féminin semble prendre la place de la mère disparue, comment les premières émotions submergent les enfants, comment leurs rêves et leur passion les guident... C'est finalement un très beau film sur l'enfance.

Jérémy a dit…

Ptiterigolotte : L'ombre de Spielberg c'est certain, mais je trouve qu'Abrams s'en détache sur plusieurs points. Il y a un héritage évident, mais les différences sont cruciales (par exemple le sentimentalisme d'Abrams, absent chez les enfants dans 'E.T.' etc). Et de son côté, Spielberg n'a que peu contribué au film.
Pour les longueurs, peut-être. C'est assez subjectif ce soucis généralement, mais sans doute que la fin traine un peu.
(Ok pour ton blog !)

Bob Morane : Évidemment je ne suis pas très d'accord, mais c'est un avis !
"Sans passion" me fait un peu tiquer, tant la tendresse portée sur les jeunes protagonistes transpire de la mise en scène. Et également car 'Super 8' est un film sur la passion.
Le récit reste, il est vrai, conventionnel. Mais comme le dit Arthur un peu plus haut, c'est cohérent au parti pris par Abrams de piocher ce qu'il y a de meilleur dans les vieilles casseroles pour tenter de réinventer de nouveau (et là les effets spéciaux rentrent en scène). Mais tu n'es pas le seul à s'être un peu ennuyé.

Wilyrah : Bonne projection, en attendant d'avoir ton ressentit personnel ;) .

2flicsamiami : Je trouve aussi que c'est un blockbuster de très bonne qualité, tant dans le spectacle que dans le fond (ce qui devient rare pour ce deuxième trait). Il y a une vraie intention de metteur en scène, une réelle passion qui déborde du sujet et de la pétarade spectaculaire. Voir ce 'Super 8' m'a finalement fait du bien.

Squizzz : Je ne les ait pas tous vu, et je ne les verrai pas tous je pense, faute de temps cet été. Un peu d'intérêt aussi ('X-Men' ou 'Green Lantern' ne m'ont pas donné envie). En tout cas, je le note de côté pour un éventuel classement de l'année... :D

Marcozeblog a dit…

Tu es dithyrambique, ça fait plaisir car j'ai adoré aussi. Je suis d'accord avec tout ce que tu as dit. j'ai juste trouvé le déraillement un peu too much. Ca volait dans tous les sens. Il m'a semblé que c'était un peu exagéré. C'est un bien maigre défaut.

Wilyrah a dit…

Bonjour, pas aussi enthousiasmé que toi la faute à une deuxième partie grossière et décevante, après une première partie savoureuse, captivante et pleine de jolis moments. Dommage que JJA ne puisse se passer de ses effets en carton car il y avait un sacré potentiel et une très bonne première moitié.

Wilyrah a dit…

Une absence regrettable... :( En espérant que tout va bien.

Jérémy a dit…

Marcozeblog : L'accident est plutôt énorme c'est vrai ! C'est surtout pour rassasier le spectateur avide d'action qui attend depuis 20 minutes. Et techniquement c'est vraiment impressionnant ;) .

Wilyrah : Désaccord, mais je pense que c'est une différence de jugement sur l'effet "carton" dont je comprends le sens. 'Super 8' est au départ un film hommage (d'ailleurs plus nostalgique qu'élogieux) sur les blockbusters familiaux des années 80 où l'enfance inondait la toile.
PS : I'm back !

inthecrazyhead a dit…

Une vraie surprise que j'ai un peu regretté de ne pas avoir vu au cinéma. A part les effets numériques pour le monstre mystère, tout dans le film est réussi et extrêmement travaillé, au point que chaque détail à son importance, même s'ils sont parfois imperceptibles du premier coup d'oeil. De plus, les héros sont terriblement attachants et très bien joués par une troupe de jeunes acteurs à suivre de près.

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