Jimbo a un don : doté d'une intelligence extraordinaire et d'un pouvoir surnaturel (prendre possession du corps d'autrui), sa singularité fait de lui un enfant criminel. Tuant sous la rage ses parents indignes et violents, il apprend à grandir avec Killian, un vieil homme possédant les mêmes capacités. Marié, bientôt papa, Jimbo n'a cependant jamais oublié sa conviction la plus profonde : retrouver à son tour des enfants prodiges pour leur apprendre à canaliser leur force.
The Prodigies est l'adaptation de La Nuit des enfants rois écrit par Bernard Lentéric en 1981. Violent et un peu vieilli, ce livre a pourtant toujours représenté un vrai désir d'adaptation filmique chez Antoine Charreyron. Animateur de jeux vidéos et plus récemment réalisateur de seconde équipe sur Babylon A.D. de Mathieu Kassovitz, ce français aux grandes ambitions s'est naturellement dirigé vers la motion capture. Si la production n'a pas toujours été facile, The Prodigies a aujourd'hui le mériter d'exister, et surtout le mérite de convaincre.
Si le récit est sur-inspiré (X-Men, Harry Potter, Jumper... les personnages avec des dons on connait), le scénario s'avère efficace. Rythmé et dynamique, le spectateur n'a pas le temps de s'ennuyer. Tout est fait pour que ce Prodigies se moule dans un entertainment de qualité US. Alors si le scénario est efficace sans être d'une originalité bluffante, il faudra plutôt chercher du côté de la mise en scène.
Pourtant, la première (malheureuse) évidence est la pauvreté de l'animation. La motion capture ne satisfera pas les plus pointilleux. Traits épais, modélisation 3D imposante, l'animation est brute... et fait indéniablement penser à un graphisme sophistiqué de jeux vidéos. Là où Snyder pêchait dans son univers kitsch et violent avec Sucker Punch, Charreyron faute quelque peu dans ce virtuel trop prononcé pour harmoniser l'ensemble. L'animation faciale est de ce fait peu convaincante : certaines séquences d'émotion auraient sans doute gagné avec plus de précisions réalistes. Et le relief ne viendra pas immerger le spectateur pour autant.
Non, il faut peut-être retenir de ce film d'animation étonnant ses partis pris de mise en scène bien réels. Plans séquences (l'ouverture est magistrale), ralentis, effet de caméra épaule sous tension, Charreyron et son équipe ont beaucoup travaillé la réalisation au détriment de l'animation. Mais le résultat est payant. Même si l'adaptation consiste à alléger l'atmosphère, la violence conservée est pleinement assumée dans cette mise en scène de véritable thriller (le film est interdit aux moins de 12 ans, une tête coupée et une agression sexuelle auront eu raison de la censure). Sans complaisance, la cruauté s'incorpore à un essai qui aurait perdu de sa virulence en acceptant la pudeur. Car malgré ses défauts, il n'y a pas à rougir de cette animation française qui se veut la continuité plus aboutie du précédent Renaissance, et sans doute une porte ouverte à d'autres projets du même type (une suite semble d'ailleurs suggérée). Imparfait, The Prodigies parvient tout de même à séduire avec une qualité précieuse dans le paysage de l'animation cinématographique : la différence.
Réalisé par Antoine Charreyron
Avec Jeffrey Evan Thomas, Jacob Rosenbaum, Dominic Gould
Film français | Durée : 1h27
Date de sortie en France : 08 Juin 2011
14 juin 2011
The Prodigies
18:52
Jérémy
8 avis gentiment partagé(s):
J'avais envie de donner sa chance à ce film français, mais c'est vrai qu'à la vue de la bande-annonce l'animation me paraissait faiblarde...
L'animation est en effet faible et fait trop penser à un jeu vidéo. Mais le scénario et l'ensemble valent tout de même le coup d'oeil.
La BA m'a donné envie mais il est vrai que l'animation semble pourrie. Mais bon si le scénario est bon... Va savoir :)
J'ai eu la chance d'assister à une avant-première du film en présence d'un Antoine Charreyron très critique sur son film et pas là uniquement pour vendre son produit. Il assume les défauts de l'animation, en partie à cause d'un manque de moyens, même s'il y aussi un choix esthétique qui vient surement de son passé dans le jeu vidéo. Mais comme tu le soulignes il a préféré dynamiser sa mise en scène avec une caméra toujours en mouvement, et en utilisant très bien la 3D relief pour une fois (enfin je trouve perso), même si là encore, il avoue qu'ils ont un peu tout tenté et que parfois certains effets tombent à plat. Je vais pas revenir sur le scénar, sur les thèmes abordés, sur le rapport du film à la violence, que je trouve excellents. Pour moi "The Prodigies" se détache finalement pas mal des autres films de super-héros. Un vrai coup de cœur.
Mo5kau : L'animation n'est pas extraordinaire. Mais le dynamisme de la mise en scène et la caractérisation réussie des personnages le font un peu oublier.
Neil : Assez d'accord avec cette conclusion.
Flow : Le scénario est très inspiré mais tout autant efficace. Et il y a un vrai protagoniste, ce qui est la grande qualité du film à mon goût.
Squizzz : La chance ! Le débat devait être intéressant.
Un petit coup de cœur pour moi aussi mine de rien...
Le livre m'avait marqué quand j'étais plus jeune. Je ne comprends pas pourquoi ils ont voulu en faire un film d'animation au lieu d'un film tout simplement. Le potentiel dramatique est excellent dans La Nuit des Enfants Rois.
Vu hier en séance de rattrapage et j'en suis sorti assez mitigé. La violence excessive de ce faux manga m'a laissé un sentiment de malaise. Pour le reste l'animation est intéressante justement comme tu le dis du fait de sa différence. Mais on reste très loin du superbe "Renaissance", qui pour le coup, en imposait beaucoup plus, je trouve.
Maria Julia : Le livre ne m'avait pas tellement marqué, d'où mon ouverture plus sensible à une adaptation animée. Je trouve le potentiel dramatique du film tout autant convaincant cependant. Mais peut-être devrai-je replonger le bout de mon nez dans le livre...
Platinoch : Oui, j'avais beaucoup aimé le défi de 'Renaissance'.
'The Profigies' me marquera moins, même si le tout n'est pas inintéressant.
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