Kate et John forment un couple uni qui essaie tant bien que mal de rester debout. Malgré les drames passés, adultère pour John, alcoolique pour Kate jusqu'à la fausse couche de leur troisième enfant, ces derniers veulent garder la tête haute. Afin de cicatriser la mort prématurée de leur enfant, d'offrir un amour qui n'a pas eu lieu, Kate et John décident d'adopter une petite fille. Ils tombent sous le charme d'Esther dans un orphelinat de bonne sœur.
Les enfants et l'horreur ont souvent fait bon ménage au cinéma. L'Exorciste et Shining continuent d'inspirer des réalisateurs contemporains : Sixième Sens, Dorothy, Birdy... Souiller l'innocence des enfants a toujours représenter un plaisir de metteurs en scène de genre. De la même façon que Morse de Tomas Alfredson manipulait l'enfance dans sa naïveté la plus pure, Esther utilise l'archétype dans un sens qui lui devient propre. Qui est cette Esther d'apparence angélique ? Le fil rouge du film tiendra son spectateur sous pression jusqu'au twist final, digne d'un bon Shyamalan.
Après La Maison de cire, un Espagnol – encore un ! - Jaume Collet-Serra, prend les reines de ce nouveau film d'horreur. Il faut dire que nos voisins latins sont souvent les meilleurs dans cet exercice. Esther, traduction pantouflarde d'Orphan, ne viendra pas y imposer une quelconque nuance. Brillant et parfaitement maitrisé, le film se savoure de bout en bout.
Rarement un thriller horrifique n'aura été aussi efficace tout en faisant la plus grande économie possible sur les effets du genre. Peu de sang, scènes de violence pure au compte-goutte, Collet-Serra, aidé de ses trois scénaristes, propose en réalité une vraie expérience psychologique qui préfère souvent le hors champ à la cruauté (la séquence de la porte verrouillée est simple mais terriblement efficace). Optant pour un suspens omniscient, le réalisateur place son spectateur en témoin des événements. Frustrant, manipulateur, Esther est une vraie torture de l'esprit et du bon sens. C'est lorsqu'il pense tout savoir que le spectateur est le plus vulnérable : ici le film s'en veut la démonstration parfaite, parfois effrayante, souvent dérangeante tout en utilisant les codes de l'épouvante. Un jeu pour enfants apparaît alors inquiétant pendant cinq bonnes minutes, l'orage annonce la couleur, les jumps scares font décoller du siège... Jusqu'à la séquence finale, faisant basculer le film que l'on croyait voir dans une autre dimension, effrayante et violente.
Dans ses décors enneigés, le réalisateur cristallise une histoire de tromperie sauvage à hauteur d'enfants. La jeune Isabelle Furhman est glaçante de naturelle et offre la performance d'actrice dont le film avait besoin. Vera Farminga, tenant déjà le rôle de la malheureuse mère dans Joshua, est toute aussi brillante. Le scénario, audacieux, est un exemple parfait de crescendo empirique réussi.
Bref, peu de choses à redire de cet essai remarquable : intelligent derrière ses allures de divertissement à twist, avertisseur malin, un brin polémique, lorsqu'Esther s'inscrit dans la rétine c'est pour ne plus s'en détacher... Alors, ouvrez bien les yeux !
Réalisé par Jaume Collet-Serra
Avec Vera Farmiga, Peter Sarsgaard, Isabelle Fuhrman
Film américain | Durée : 2h03
Date de sortie en France : 30 Décembre 2009
7 juin 2011
Esther
23:00
Jérémy
9 avis gentiment partagé(s):
Ton article me fait penser que je dois finir le film depuis des mois. Pour ce que j'en ai vu, j'ai totalement adoré même si je ne crois que ça n'a pas été le cas de mon homme héhé. Des acteurs crédibles, une ambiance qui fonctionne et un personnage central aussi mystérieux que dérangeant dans sa manière d'être. Si les films d'horreur avec les enfants ne te dérange pas, je te conseille alors de te procurer The Children (pas le film avec Kate Winslet hé !). J'ai pas eu le courage de le finir tellement le film est dérangeant ..
Tout l'inverse. J'ai détesté de bout en bout. Lent, chiant et peu réaliste (la fin qui fait très Vendredi 13 est particulièrement ratée). En gros, j'ai détesté!
Ah oui, une bonne surprise ce film ! Jusqu'au bout, je me demandais bien qu'elle pouvait être le secret d'Esther, genre possession démoniaque, esprit maléfique, fantôme, etc. Mais je ne me doutais vraiment pas de ça ! Le film a des défauts, mais dans son genre, je trouve qu'il se démarque très bien du lot, pas toujours folichon.
Ce film fut en effet une bonne surprise. Par contre, il supporte moins bien le revisionnage.
En revanche la jeune actrice est excellente.
Un très bon thriller qui à le mérite de garder son secret intact jusqu'à la fin. La fin alternative est bien plus affolante, un peu dans le genre Sunset Boulevard. Définitivement culte.
carrément la note max ? j'avais trouvé le film pas mal, qui fait son petit effet... ni plus, ni moins... ;)
Inthecrazyhead : Oui, très envie de voir 'The Children' ! En tout cas ne loupe pas la fin (elle pourrait même convaincre ton compagnon ;)).
Flow : Au bûûûcher, Flow ! Tant pis, je pense quand même que tu es passé à côté de quelque chose.
Mymp : Assez d'accord. Le film n'est peut-être pas parfait mais dans le genre je trouve qu'il se démarque brillamment. L'après 'Sixième sens' ?
Wilyrah : L'actrice est hallucinante, oui. Glaçante. Les américains et les espagnols sont assez forts pour diriger des enfants de cette manière.
2flicsamiami : Oui la fin souffre un peu de s'être fait censurer. Quel dommage ! Le spectateur s'attend à un dernier effet... qui n'arrive pas. Tant pis, il faut jouer les curieux et faire marcher les bonus du DVD (ou rechercher sur YouTube tout simplement).
Phil Siné : Ouais carrément, je me suis un peu lâché. Ça fait du bien de taper le five stars des fois lol .
Mais c'est justifié car je n'ai pas été mitigé comme tu semble l'être : le film m'a personnellement envoûté.
J'ai vu ce film à sa sortie. Je serais moins dithyrambique que toi, mais Esther n'en est pas moins un excellent film, qui prouve tout le savoir faire des cinéastes espagnols dans ce genre que les Français ont du mal à aborder
Je ne peux que tu plussoyer ! ;)
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