Gil est en voyage à Paris avec sa future épouse et les parents de cette dernière. Fasciné par la capitale française, incertain de son avenir en tant qu'écrivain, bientôt la ville lumière lui offre les portes du paradis : à minuit pile le temps recule d'un siècle et lui permet de rencontrer ses idoles telles que Fitzgerald, Picasso, Dali... et bientôt la belle Adriana qui fait chavirer son cœur.
Woody Allen est le cinéaste ouvrier le plus apprécié du septième art : un film par an depuis quarante ans sans jamais vraiment se faire bouder. Si sa filmographie reste qualitativement hétérogène, le réalisateur américain à lunettes, qui a toujours affirmé n'être fier que de très peu de ses films, a pourtant sans cesse été accueilli à bras ouverts par la critique et le public. Ce Minuit à Paris, présenté en ouverture à Cannes, n'ira pas gâcher le buffet garni : onirique et charmeur à souhait, cette bluette sous forme de conte fantasmé se déguste avec un appétit prononcé, quoi qu'attendu.
Gil, interprété par un Owen Wilson a la classe rare, est le protagoniste allenien par excellence : un peu perdu, un brin excentrique et très hédoniste, le futur époux adopte le style du cinéaste avec beaucoup de naturel. Paris, ville des lumières et source de beaucoup de clichés pour ses étrangers, est ici éclairée sous son plus beau profil : lumineuse de jour, féérique de nuit, l'artifice est assumé dès une introduction carte postale retraçant la journée idyllique au cœur de la capitale romantique.
Toujours aussi narratif et visuellement perfectionniste, Woody Allen ne surprend plus dans sa mise en scène. Mais la direction d'acteurs et l'écriture des dialogues recèlent toujours d'une recette qui lui est propre. Minuit à Paris a cependant un petit plus, rajoute un nouvel ingrédient qui vient assaisonné le plat habituel : la bulle fantastique qui englobe ce personnage rêveur offre une dimension que l'on connait peu chez le cinéaste. Jeu avec le temps, réflexion sur la nostalgie et la consommation du présent, le film de Woody Allen séduit en ce qu'il raconte poétiquement et avec toujours beaucoup d'humour l'écume des jours et la fatalité du carpe diem. Le film ne cherche pas uniquement la séduction dans le bon goût : il la trouve dans la banalité attachante de son protagoniste tombant amoureux d'un rêve à défaut de se plaire dans son temps. Ceci en permettant à ce réalisateur singulier d'avoir le plaisir de diriger Bunuel ou Picasso dans le même film !
Alors si Minuit à Paris reste toutefois classique dans son approche allenienne – un personnage principal asocial qui multiplie les rencontres – l'atmosphère du conte opère joliment aidée par un casting étoilé (mention spéciale à Marion Cotillard, d'une beauté saisissante). Loin d'être le film du siècle, un peu long, convenu, et tout le reste, ce nouveau Woody Allen est toutefois un chocolat proprement emballé qu'il serait dommage de bouder.
Réalisé par Woody Allen
Avec Owen Wilson, Rachel McAdams, Michael Sheen
Film américain | Durée : 1h34
Date de sortie en France : 11 Mai 2011
1 juin 2011
Minuit à Paris
21:10
Jérémy
13 avis gentiment partagé(s):
Sur ce coup là, je suis complétement d'accord avec toi. Et je te rejoins sur ta mention spéciale à Marion Cotillard qui m'a totalement envouté !
Le film est tout à fait charmant. Owen Wilson campe en effet un double du réalisateur assez réussi, et la photographie est particulièrement belle.
Un méga coup de coeur en ce qui me concerne! J'ai adoré, littéralement envoûtée que j'étais par le périple onirique de Gil (Owen Wilson est effectivement d'une classe indiscutable, ici). J'ai été charmée de bout en bout!
Tout à fait d'accord avec toi. Du pur Woody, très fin qui se mange sans faim. Une capitale sublimée par la caméra, des acteurs au top, on en redemande.
Ah, enfin quelqu'un qui nous épargne du "Marion Cotillard joue sa parisienne snob" ! Rachel Mc Adams est superbe aussi, bien qu'ayant un rôle nettement plus... détestable :)
Très jolie critique. :)
"Gil, interprété par un Owen Wilson a la classe rare, est le protagoniste allenien par excellence" : je suis complètement d'accord avec toi, ainsi que dans le fait que le film soit totalement allennien, les personnes que je ne connais qui n'ont pas aimé n'aimaient pas le style de Woody Allen à la base... Le personnage de Gil parait souvent même une projection du réalisateur, de sa propre nostalgie et de son amour pour la France et l'art européen. Enfin ce n'est aussi que mon ressenti.
Squizzz : Ah je te retrouve Squizzz ! ;)
Neil : Tu as raison de mettre l'accent sur la photo, toujours très travaillée chez Woody Allen. L'idéalisation du décor permet ici de travailler une belle lumière, d'autant que la mise en scène assez statique du réalisateur donne le temps de bien l'apprécier.
Ashtray-girl : Wilson est en effet parfait ! Aurait-il fait chavirer ton petit cœur de cinéphile Asthray ? ^^
Ptiterigolotte : Oui, on en redemande. Mais pas trop copié collé quand même. Le reproche que l'on ne peut nier, c'est qu'en faisant 1 film par an, Allen s'est souvent répété...
Gabriel : Je ne suis pas très objectif sur Marion Cotillard en réalité ! McAdams me fait moins d'effet, mais elle campe ici une parfaite bourgeoise insupportable, je suis d'accord !
Marine : Oui, Gil est comme une projection d'Allen, je suis d'accord avec l'interprétation. Il y a ainsi beaucoup de "nostalgie" comme tu dis. Les thèmes soulevés par ce 'Minuit à Paris' sont finalement assez touchants venant d'Allen qui "commence" à prendre de l'âge (l'instant présent, l'amour de l'art, la fatalité de l'âge...). C'est séduisant... un peu déchirant tout de même si l'on y réfléchit un peu.
Mieux que son dernier essai, ce Midnight in Paris, surprenant et charmant, tombe dans le répétitif au bout d'une heure...
Pour ma part, je n'ai pas du tout accroché. J'espérais y retrouver l'ambiance magique de "La rose pourpre du Caire" et je n'y ai trouvé qu'un univers un peu creux où les icônes de la vie culturelle du Paris des années folles manquent quand même d'épaisseur. Quant au choix des comédiens français: Marion Cotillard (seule actrice connue aux USA), Carla Bruni (femme du président) et Lea Seydoux (nièce de Gaumont), il file juste la nausée. On pouvait espérer mieux comme déclaration d'amour à notre belle capitale de la part d'un francophile aussi talentueux que Woody Allen...
Wilyrah : C'est vrai, la formule se répète. Mais c'est un peu le but, non ? Au risque de me répéter, j'admets ne pas m'être ennuyé.
Platinoch : Je n'ai pas trouvé l'univers "creux". Il est simplement idéalisé au maximum et je trouve que l'effet est efficace avec la mise en scène épurée de woody Allen.
Après sur le casting, je serais beaucoup moins critique. Cotillard est connue c'est vrai... mais à raison. Carla Bruni apparait plus comme un clin d'oeil (cinq minutes à tout casser). Ca m'a fait sourire, sans plus. Même si le piston semble évident, reste que Seydoux est une bonne actrice à mes yeux. Et puis Allen ne s'en est jamais caché : le choix sur ces deux actrices s'est surtout articulé sur le fait qu'il les trouve toutes deux d'une beauté fatale. Aurait-il tort... ?
Allen renoue avec sa veine fantaisiste, dans la lignée de La rose pourpre du Caire... Un bijou
Un film qui m'a vraiment fait beaucoup rire, mention à Owen Wilson et surtout Adrien Brody qui m'a vraiment fait exploser de rire.
Une jolie surprise qui s'apparente à un rêve éveillé ! A la fois inattendu et prévisible, Midnight to Paris se distingue par son acteur principal, Owen Wilson, qui porte vraiment le film sur ses épaules et son casting 50 étoiles qui nous donne l'impression d'être dans une fête secrète. Du moins, j'ai eu cette impression de me retrouver dans un endroit où je n'ai pas été invitée et de croiser tout un tas de gens que je connais. Aaaaah ce bon vieux Woody nous aura vendu un rêve de très grand cru !
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