1 juin 2011

La Conquête

Le récit de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy jusqu'à son élection en mai 2007.
Après le virulent J'irai au paradis car l'enfer est ici, Xavier Durringer signe, en compagnie de Patrick Rotman au scénario, un film qui a fait parler de lui sur la croisette. Dressant avec la plus grande fidélité possible le portrait du président de la République, cet essai unique en France a attisé la curiosité des cinéphiles et des autres. Le résultat est à la hauteur des attentes, ce qui n'est pas forcément un atout.
Après une phrase protocolaire ridicule (« Ceci est une fiction »), le générique très esthétisant étonne et attire l'attention, de même que pour ce premier plan astucieux qui problématise déjà tout le film : assis sur son trône, dans l'ombre, l'homme de tous les pouvoirs semble soucieux et effleure des doigts son alliance que le travelling fixe bientôt en plan serré. Cette audace fera pourtant figure d'exception. Que l'on ne s'en cache pas, La Conquête est un film certes maitrisé mais dont l'intérêt et la passion nous échappent quelque peu.
Fidèle à son thème dominant, le film de Durringer ne passionne pas : la politique apparaît toute aussi ennuyeuse et hypocrite que dans le quotidien. Là où l'entreprise ne faillit pas, c'est dans la représentation cynique de ce monde parallèle, prétendu au service de son peuple, qui représente en fin de compte un microcosme luxueux et intra compétitif. « J'ai ça dans les gênes, c'est comme ça » dit un Sarkozy face à un Villepin découragé. La Conquête est une biographie cinématographique qui ne plie pas face à l'exigence de son sujet mais qui apparaît bien comme la farce ironique que l'on pouvait en attendre ; une farce certes caricaturale mais sans doute pas si éloignée que ça de la réalité. Si Villepin apparaît uniquement comme un concurrent déloyal et Chirac comme papi fait de la résistance, ces archétypes sont en fin de compte au service d'un vrai portrait de cinéma, celui de cet homme avide de pouvoir mais aussi vulnérable que n'importe qui face à la femme aimée. Cette personnalité forte attise évidemment la curiosité des passionnés de fiction. Podalydès, parfait, parvient à donner l'épaisseur nécessaire à cet homme que l'on connait déjà sans connaître, sans trop l'humaniser, sans trop l'épargner non plus. L'ensemble des acteurs sont à la hauteur du risque pris.
Mais si La Conquête fait parfois sourire voire rire (la meilleure séquence est sans doute celle de l'enregistrement du spot de campagne), le film reste malgré tout un essai qui n'a de mérite que son projet. Simplement intriguant, le film de Durringer satisfait de son effet guignolesque, dépoussière la mystification cravatée d'une politique imbue, mais passionne autant qu'un mercredi après-midi à l'Assemblée Nationale.


Réalisé par Xavier Durringer
Avec Denis Podalydès, Florence Pernel, Bernard Le Coq
Film français | Durée : 1h45
Date de sortie en France : 18 Mai 2011

4 avis gentiment partagé(s):

Marine a dit…

J'ai l'impression d'aller à contre-courant de toutes les critiques que j'en lis.
Même si je ne l'ai pas trouvé exceptionnel j'ai passé un très bon moment, c'est un film maitrisé et plutôt juste. Après il faut dire que j'aime les histoires politiques... Avec un tel scénario je ne m'attendais pas non plus à quelque chose de très poussé donc au final je n'ai pas été déçu.

Jérémy a dit…

Si tu apprécies les histoires politiques, ce film t'es effet dédié ! Personnellement j'ai jamais été un friand de ça, et je me trouve plutôt sur une autre branche plus pessimiste.

Jul a dit…

Je suis plus dure que toi avec ce film qui n'a pas grande valeur artistique, mais on est d'accord, le film n'a aucun intérêt...

Jérémy a dit…

Aucun intérêt oui, après la forme reste propre et assumée. Je pense que 'La Conquête' n'est pas nécessairement un bon film. Mais je pense pas de la même manière qu'il soit l'arnaque que certains dénoncent.

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