13 juin 2011

Casablanca

Casablanca, 1942, Seconde Guerre Mondiale. Tandis que l'Europe se déchire, le Maroc se fait la porte ouverte à tous les déserteurs désirant rejoindre Lisbonne et ses possibilités de fuite vers l'Amérique. Contrôlée par Vichy, la ville d'Afrique du Nord mélange allemands et français non sans une certaine tension. La boîte de nuit de Rick Blaine (Humphrey Bogart), un français exilé, est un lieu d'insouciance où chaque soirs les gens communiquent, jouent au jeu dans le même espoir de pouvoir rejoindre le grand continent. Froid et distant, tout bascule quand Rick voit arriver dans son night club Ilsa (Ingrid Bergman), un amour passé, qui cherche à s'enfuir avec son mari Laszlo (Paul Henreid), un héros de la résistance. La vertu ou la jalousie vengeresse ? De ce conflit intérieur commence Casablanca, sans doute le plus beau miracle du cinéma américain.
Miracle de par son origine : en 1942, les studios Warner sont à leur apogée. Produisant cinquante films par an et regroupant les plus grandes stars du cinéma hollywoodien, ces derniers sont majoritaires dans la grande industrie. A la base, Casablanca est donc l'un des cinquante films de la liste, ni avantagé ni produit en connaissance du succès foudroyant qu'il connaitra. Un miracle également dans son tournage chaotique : entre négociations pour les acteurs et écriture du scénario en direct (Bergman dira de Casablanca qu'il restera l'un des films les plus embarrassants qu'elle ait fait), Michael Curtiz - que le grand public connaissait pour Capitaine Blood et Les Aventures de Robin des Bois - est parvenu à en faire l'un des plus grands chefs d'œuvre du cinéma.
Le succès de Casablanca est ainsi d'autant plus beau qu'il était tout à fait inattendu. Auréolé de trois Oscars en 1943 (Meilleur Film, Meilleur Réalisation, Meilleur Scénario), considéré aujourd'hui encore comme le troisième plus grand film américain derrière Citizen Kane et Le Parrain, ce produit facturé de la Warner ne démérite toujours pas de ce succès. Répliques cultes, envolées d'émotion, interprétation magistrale... Le film ne s'inscrit jamais dans un genre particulier. Tantôt film d'action, d'amour, comique ou politique, Casablanca parvient à jouir des nombreux scénaristes contributeurs. Les frères Epstein apportent l'ironie et les répliques bien senties, Howard Koch aura donné l'envergure politique et moral nécessaire tandis que Casez Robinson aura appuyé l'histoire d'amour dans une singularité devenue cliché avec le temps (le flashback de Paris, sans doute le plus beau passage du film). La mise en scène est à l'image de la présentation faîte de son auteur : perfectionniste à en devenir colérique, dans le cadre ou les jeux de lumières, c'est peut-être en se battant pour tourner l'intégralité du film en studio et en enregistrant le son en direct que Curtiz a œuvré sans le savoir à ce film devenu culte. De même pour Max Steiner, le compositeur (Autant en emporte le vent), qui est parvenu à donner parfois des moments de sacre à la musique (la bataille des hymnes nationaux) mais toujours avec la subtilité qui lui est propre (les redites de la chanson As Time Goes By qui vient parsemer l'histoire d'amour).
La petite histoire de cinéma vient ainsi, dans ce moment hollywoodien magique, englober la grande Histoire. Pertinent, accusateur sans se vouloir moralisateur, et éternellement bouleversant, Casablanca est bien à la hauteur de sa réputation dorée : un chef d'œuvre intemporel imprégné dans du noir et du blanc. Immanquable.


Réalisé par Michael Curtiz
Avec Humphrey Bogart, Ingrid Bergman, Paul Henreid
Film américain | Durée : 1h42
Année de sortie en France : 1943

11 avis gentiment partagé(s):

Jul a dit…

Un de mes films préférés. Merci pour toutes ces détails sur la fabrication du film que j'ignorerais totalement!

Jul a dit…

... tous ces détails pardon!

Christophe a dit…

La grande époque du cinéma hollywoodien. Et un casting mythique. Un grand moment !

Squizzz a dit…

J'ai un rapport particulier avec "Casablanca". J'ai du le voir au moins 2 fois, et j'ai adoré à chaque fois, et pourtant il ne m'en reste en souvenir que des bribes... Je n'explique toujours pas ce phénomène. Mais ce n'est finalement peut-être pas plus mal, comme ça la prochaine fois je le découvrirai encore avec un œil neuf ;)

Jérémy a dit…

Jul : De rien (je me sens érudit d'un coup). Merci la collection collector de DVD ;) .

Christophe : Mythique, oui !

Squizzz : Finalement c'est pas mal ;) (attention à l'amnésie médicale quand même ^^)

Platinoch a dit…

Chef d'oeuvre ultime en effet. Je le regarde une fois de temps en temps et je le trouve toujours aussi parfait et moderne. Car au fond "il nous restera toujours Paris". Probablement l'un des plus grands films de l'Histoire du Cinéma, avec "L'aventure de Madame Muir". Très belle critique en tous cas;)

neil a dit…

Ah oui, un chef d’œuvre intemporel, comme tu as raison ! J'ai rarement autant vibré en entendant la Marseillaise que pendant ce film.

Jérémy a dit…

Platinoch : Oui, la revision ne gâche en rien le film. La marque des chefs d'oeuvre :) .

Neil : Ce passage est en effet assez saisissant. La bataille des hymnes a quelque chose d'épique qui donne des frissons.

Bob Morane a dit…

Très belle critique pour un très beau film qui hante à vie.

Tietie007 a dit…

J'aurais bien aimé jouer aux échecs au Rick's Café !

Tching a dit…

Salut, bon article sur un film excellent (et surtout intelligent), évidemment ! Résistance, amour, As time goes by...
Si tu permets, je t'ajoute en lien (ça faisait longtemps que je voulais le faire, et pis le déménagement permet une grand renouveau, donc voilà). Sinon, j'avais fait la critique du film y'a pas longtemps :
http://tchingscine.over-blog.com/article-casablanca-1942-82370732.html
Byyyyyee

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