David, un politicien en pleine ascension, fait la rencontre d'une jeune femme, Elise, dont il tombe amoureux au premier regard. Problème : l'Agence, une société secrète qui contrôle la destinée des gens, n'a pas prévu cette alternative...
C'est le premier film de George Nolfi, qui se voit diriger un duo d'acteurs talentueux - Matt Damon parfait, Emlily Blunt peut-être trop rare -, sans doute facilité par sa carrière de scénariste à Hollywood (Ocean's Twelve et La Vengeance dans la peau ont coulé de son stylo). Premier essai en terrain connu, Nolfi semble porter le projet à cœur : également producteur et scénariste, cette adaptation du roman de Philip K. Dick a le bon goût de paraître un projet ambitieux.
Ce n'est en tout cas pas l'ambition que l'on reprochera à L'Agence. Plaidoyer contre l'individualisme de nos sociétés modernes, dominance du libre arbitre démocratique et porteur d'espoir, le film aborde et touche des thèmes précieux. Ceci tout en se jouant d'une réalité paranoïaque, processus qui a fait le succès de plusieurs long-métrages contemporains tels que Matrix, Minority Report ou Inception pour ne citer qu'eux. Le procédé est connu, inscrit dans l'inconscient appréciatif du spectateur fidèle, mais c'est ici que le film trouve sans doute sa meilleure qualité. L'Agence, au contraire de ses prédécesseurs, est une vraie romance assumée. Agréablement léger en action, le scénario de Nolfi s'articule autour de ce couple impunément réuni, à la fois dans le Plan établi, mais aussi dans ce blockbuster que l'on attendait peut-être plus facilement musclé. Au contraire, le réalisateur opte pour une approche sentimentale, sorte de comédie romantique perturbée par les rouages d'un thriller machiavélique. Étonnant. Si cette originalité assure un divertissement sympathique, elle n'en est pas moins dénuée de défauts, comme un prototype aux engrenages perfectibles.
Tout d'abord, par effort de jouer l'évidence amoureuse, le film tombe souvent dans une simplicité très archétype : le première rencontre entre les deux tourtereaux s'enflamme aussi vite qu'une allumette dans une bonbonne de gaz. Le coup de foudre, oui ! Attention à ne pas prendre l'expression trop au sérieux quand même, faute de crédibilité. Si Damon et Blunt parviennent avec une facilité consternante à nous faire attacher, l'idylle se fait souvent rattraper par des impasses scénaristiques difficiles à digérer comme la déclaration d'amour finale sous la hache de l'ennemi qui devient un peu risible... Puis vient le twist, en fait conclusion hasardeuse et mièvre surenchéri par une voix off qui nous explique la morale que l'on avait déjà compris.
C'est dommage car on aurait voulu apprécier davantage cette course effrénée contre l'impossible, cinématographiquement efficace dans ses séquences de portes ouvertes à l'infini, et contre ces anonymes de l'évidence sortis tout droit de la filmographie d'Hitchcock. Pour enfin donner au vaste paradoxe de l'union (provocateur possible de la force... comme du pire), une noblesse plus parlante. Mais l'ambition ne fait pas tout.
Réalisé par George Nolfi
Avec Matt Damon, Emily Blunt, Michael Kelly
Film américain | Durée : 1h47
Date de sortie en France : 23 Mars 2011
28 mars 2011
L'Agence
22:35
Jérémy
9 avis gentiment partagé(s):
Dommage, je pensais le voir à sa sortie dvd (il ne passe pas en VF ici). Je vais mettre dans la catégorie "divertissement honnêtes mais pas sensass", ça sert parfois le dimanche.
Tu le compares à "Matrix", "Minority Report" et "Inception", c'est pas faux, mais je ne pense pas que le film prétende être du même niveau. George Nolfi a surtout voulu faire un divertissement original. En tout cas c'est comme ça que je l'ai vu. Je suis rentré dans la salle sans savoir grand chose, je m'attendais à un énième film d'action, teinté d'un peu de fantastique, et j'ai été transporté où je ne m'attendais pas, et c'est ce que j'aime au ciné. Donc pas un grand film, mais un moment sympa.
Adaptation d’une nouvelle de Philip K Dick, Adjustment team, L’agence est un curieux mélange de comédie romantique, de thriller paranoïaque et de science-fiction. Malheureusement, George Nolfi -auteur des scénarios de Prisonniers du temps, Ocean's twelve, The sentinel ou encore La vengeance dans la peau- n’est pas taillé pour un si ambitieux projet. Incapable de jouer sur les trois tableaux, il fait donc un choix, privilégiant la romance au détriment de l’action, assez poussive, et de la réflexion sur le destin et le libre-arbitre (sans doute l’aspect le plus intéressant du récit de Dick), simplifiée à l’extrême.
Pour cette première réalisation, Nolfi ne démérite pourtant pas. Il nous propose même quelques beaux moments de cinéma, distordant la géographie new-yorkaise avec une virtuosité qui vaut bien -le tape-à-l’œil en moins- la rue de Paris repliée sur elle-même d’Inception (mince, j’avais promis de ne plus y revenir !) : ainsi, telle porte de la Cinquième avenue nous transporte-elle instantanément à l’American museum of natural history, telle autre nous propulse en plein Central Park, au Yankee stadium ou au pied de la statue de la Liberté. Une métamorphose de la ville dont l’étrangeté m’a séduit. Tout comme le couple formé par Emily Blunt et Matt Damon. Le charme malicieux de la première (pour moi, les plus beaux yeux du cinéma actuel, avec Zooey Deschanel et, bien sûr, Eva Green !) est irrésistible. Quant à Matt Damon, il confirme, après Au-delà et True grit, la très grande variété de son talent. L'un des meilleurs acteurs de sa génération.
Bref, sans un être un chef-d'oeuvre (ce qu'il ne prétend pas être), L'agence est un film plutôt agréable et original, en dépit de ses maladresses
Ah ! Toi aussi t'y a trouvé un peu de Hitchock :)
Un film plus sentimental que fantastique. Dommage que la fin est un peu brouillonne et trop vite torchée. Film très plaisant en tout cas.
Et heureusement que les acteurs et le romantisme tient miraculeusement ses promesses parce que j'ai trouvé que l'aspect fantastique été traité de façon superficielle, sans prise de risque.
Wilyrah : La catégorie semble convenir, oui ;) .
Squizzz : Je le compare sans le comparer... disons que la thématique est très à la mode. Mais je me suis plutôt laissé transporter aussi, car je m'attendais comme toi à voir un film bourrin. Dommage que les maladresses viennent un peu plomber l'ambiance.
Christophe : Assez d'accord avec cette critique (que j'avais déjà lu sur ton blog lol).
2flicsamiami : Oui un peu plus de fantastique aurait été sans doute le bienvenue (j'adore la séquence des portes !). Peut-être que 'L'Agence' ne s'assume pas pleinement comme un thriller fantastique... au profit, tout de même, d'une histoire sentimentale crédibilisée par Damon et Blunt tous deux très attachants.
C'est follement hitchcockien oui : Emily Blunt pour Matt Damon, c'est un peu Kim Novak pour James Stewart dans Sueurs froides.
Sinon pas d'acc sur deux trois points : le coup de foudre est à mon sens exagérément appuyé pour bien montrer que l'homme est régi, que les faits sont contrôlés et là, vu qu'on parle d'amuuur, parfois incontrolables. On pourrait interpréter de plein de façons différentes ce film que je trouve extrêmement bancal et étrangement d'autant plus beau.
Sinon on reste okay là dessus : Matt Damon parfait.
En fait on est d'accord, le coup de foudre est "exagéré". Le sens que tu y vois semble juste ! Pour moi ça reste quand même un peu trop superficiel.
Par contre on se taquinera par pour Damon dont je suis une vraie groupie ! :D
J'attendrai sa sortie en DVD. L'histoire me tentait beaucoup, la ficelle 'amour-impossible-en-lutte-contre-les-supers-méchants' aussi, mais je commence à en avoir marre de voir la tête de M. Damon partout -_-"
C'est vrai qu'il est omniprésent. C'est un peu le Kad Merad d'Hollywood. Mais personnellement je trouve que la comparaison s'arrête là ! (Tout ça pour dire que moi j'aime bien Damon ;))
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