Bientôt dix ans que le petit sorcier à lunettes est apparu pour la première fois au cinéma ! C'était en 2001 avec L'École des sorciers, succès populaire de fin d'année qui confirmera à la Warner de son bon choix d'adapter l'œuvre de J.K. Rowling, à l'époque toujours en construction mais déjà très populaire.
Depuis, six films ont vu le jour sous la réalisation hétérogène de différents metteurs en scène, mais l'œil toujours aussi constant et attentif de son producteur principal (David Heyman) et bien sûr de la maman du projet papier. Les lecteurs, les spectateurs et surtout les fans de la première heure ont désormais bien grandi... mais l'engouement autour de la première partie du dernier volet, Harry Potter et les Reliques de la mort, montre que la magie reste intacte.
A la veille de la sortie officielle du film, retour sur une saga décidement bien ensorcelée...
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Harry Potter à l'École des sorciers (2001)

Les studios Warner se donnent le pari d'adapter au cinéma le premier livre d'une saga lancée par une écrivaine anglaise, inconnue il y a encore quelques temps, mais d'ores et déjà célèbre. Son miracle ? Un enfant héros dans une aventure fantastique, qui découvre avec émerveillement le monde de la magie... avec une certaine amertume aussi. Il apprend qu'un mage noir a tué ses parents, et qu'il est lui-même la victime de sa disparition. Jusqu'alors... Car évidemment, Harry n'a aucune idée des aventures qu'il l'attendent à Poudlard, l'école des sorciers, où il devra avoir besoin de ses amis (Ron et Hermione) et de toute sa bravoure.
Premier livre étonnant, premier film envoutant. L'invitation au rêve fonctionne à merveille. Les studios mettent à bon escient un budget conséquent mais nécessaire. Chris Columbus – réalisateur de
Maman j'ai raté l'avion – trouve logiquement ses marques et offre un beau spectacle soigné qui, à l'instar du roman, reflète un joli portrait de l'enfance.
Harry Potter et la Chambre des secrets (2002)
Même recette que le premier, même succès. Quoi que les ingrédients se noircissent déjà un peu... Harry a assisté au retour vaincu de Voldemort, le Mage noir, à la fin de l'année précédente. Mais cette deuxième année ne s'annonce pas de tout repos non plus. Une chambre secrète aurait été ouverte et son héritier sème le chaos dans l'école en pétrifiant les élèves... Le Seigneur des Ténèbres serait-il une nouvelle fois derrière tout ça ?
Dans son deuxième livre, Rowling prouve que le premier n'était pas un coup de bol. Son univers est déjà bien installé et les fils de l'intrigue se nouent déjà. Columbus parvient à saisir l'atmosphère plus angoissante de ce deuxième volet, tout en offrant toujours cette même qualité de spectacle.
Harry Potter est bien parti pour devenir une saga cinématographique à succès.
Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban (2004)
Le troisième film marque le plus grand tournant dans la saga
Harry Potter au cinéma. Alfonso Cuaron, réalisateur mexicain auteur d'
Y tu mama tambièn, est un choix aussi audacieux qu'inattendu de la Warner. Un moyen d'utiliser à leur guise un réalisateur quasi inconnu ? Le résultat démontre le contraire. Harry et ses amis deviennent des adolescents. Là où Columbus brillait pour exploiter le thème de l'enfance, Cuaron semble saisir le changement nécessaire alors que le héros a treize ans. Photographie plus sombre, décors restitués aux allures d'une Écosse brumeuse et inquiétante,
Le Prisonnier d'Azkaban pose réellement les fondations dont se serviront les prochains films. L'histoire se complexifie et tend vers une dramatisation importante (le thème de la mort, ca y est on y est) qui donne à juste titre l'intérêt de cette franchise en apparence populairement enfantine : car la vraie force des livres est à la fois l'univers magique propice à l'imagination, certes, mais aussi ces sujets abordés, profondément humains. Ce troisième film, plus grave, plus ciblé dans la véritable atmosphère de la saga, était sans doute le film à ne pas rater. Et il ne l'est pas.
Harry Potter et la Coupe de Feu (2005)
Volet pilier de la série, ce quatrième film est sans doute moins réussi que les précédents. Sans jeter la faute sur le nouveau réalisateur, Mike Newell, il y a sans doute dans ce trop plein d'action scénarisé avec des raccourcis indigestes pour les fans, cette peur de lasser un public qui commence à bien connaître
Harry Potter, ses potes, ses problèmes et son école. Le livre, beaucoup plus dense, donne bien du fil à recoudre... Il y a dans cette suite, un équilibre un peu perdu, un univers un peu oublié, mais du spectacle avec un budget qui se voit à l'écran. La séquence aquatique reste dans les mémoires (des cinéphiles en général je pense) de par sa beauté et sa virtuosité technique. Également,
La Coupe de Feu permet enfin de voir la véritable résurrection de Voldemort qui replonge (enfin ?) le film dans une noirceur pertinente. Ralf Fiennes se révèle parfait dans la peau glissante et ondulante du Seigneur des ténèbres. On peut aussi retenir la performance d'acteurs, le scénario osant plus dans les émotions du fait de l'expérience de Radcliffe (séquence de la mort de Cédric par exemple), Grint (potentiel comique) et Watson (scène mélodrame du bal de Noël...). Les personnages se creusent malgré le fait que cette page là est sans doute moins réussie que les précédentes. Mais sa fin (le retour de Voldemort) en tourne d'autres qui promettent déjà de nouvelles expériences.
Harry Potter et l'Ordre du Phénix (2007)
Voldemort est revenu mais personne ou presque n'ose vraiment croire Harry... ou ne sont pas prêts à croire. Subtile revirement dans le livre de Rowling qu'un nouveau réalisateur sortit tout droit des téléfilms, David Yates, est avide de mettre en scène.
L'Ordre du Phénix retrouve l'esprit qu'avait perdu le volet précédent. Même si scénaristiquement le film prend de plus en plus de libertés vis à vis du roman (compréhensible vu sa densité, sans rappeler que le cinéma et la littérature sont deux écritures différentes), le tout se tient bien, mieux que le côté expédié reproché à
La Coupe de Feu, et libère une certaine insolence malicieuse – Harry et ses amis se rassemblent et brisent les règles du Ministère pour vaincre Voldemort – tout en excellant dans l'émotion et le spectacle. Le paroxysme se retrouve à la fin, où après une bataille exceptionnelle et visuelle entre les deux plus grands magiciens, la séquence la plus émouvante et envoutante de la série se révèle vraiment très juste dans ce que résume toute cette histoire (l'amour, l'amitié, la pitié, l'ignorance...). Bonne réussite, qui a déjà le simple mérite de paraître fluide bien que le roman soit le plus complexe.
Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé (2009)
Le potentiel problème pour un avant dernier film est de se contenter d'annoncer le dernier. Heureusement, la matière de Rowling tente de déjouer au maximum cette fatalité par un jeu habile par découverte de qui est vraiment Voldemort, de son enfance à son échéance. Yates, rôdé, reprend le flambeau et offre un spectacle d'une qualité toute aussi satisfaisante. Moins énergique que les autres volets, sans doute plus narratif,
Le Prince de Sang-Mêlé a néanmoins cette belle réussite d'évacuer un manichéisme facile en s'attachant aux raisons d'un déclin. Il est sans doute le volet le plus psychologique, car les émotions n'ont jamais été aussi dures à porter aussi bien au niveau amoureux, que dans le doute de soi (Harry, décidement très bien interprété par Daniel Radcliffe). Il y a beaucoup du troisième volet dans cette pré-fin qui noue de la même façon les fils, ici pour parvenir à la fin à un climax insurmontable pour les impatients. Et beaucoup de savoir-faire, évidemment, par une équipe et une machine qui tourne à plein régime.
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Cette machine va pourtant bientôt s'éteindre. Celle qui, malgré son côté industriel indiscutable et son goût du chiffre, a donné à cette saga une qualité certaine. De la nostalgie des premiers films et des premières lectures pour toute une génération (qui est la mienne), à l'exigence grandissante au fur et à mesure des adaptations, Harry Potter a su donner au cinéma ce qu'un grand nombre de personnes, peu importe leur âge, attendait de voir sur un grand écran : une fenêtre ouverte sur un univers, qui attend de vous tendre la main une quasi-dernière fois dès demain.