1 octobre 2010

Simon Werner a disparu...

Premier film d'un jeune réalisateur, Fabrice Gobert, un passage dans la sélection Un certain regard sur la croisette, et une bande-annonce énigmatique... il n'en faut pas moins pour attiser la curiosité des cinéphiles avides de nouveaux talents. Ce Simon Werner là ne devrait en rien décevoir ces derniers.
Dans une classe de lycée, en région parisienne, d'étranges rumeurs circulent tandis qu'un élève manque à l'appel... Des gouttes de sang auraient été retrouvées dans les toilettes ou pire encore, le professeur de chimie aurait abusé de lui. Bref, il se passe quelque chose de louche. La première séquence, soirée alcoolisée dérivant sur une découverte mystérieuse dans la forêt, donne l'ambiance du film, à savoir une hésitation formelle entre véritable film de genre ou teenmovie parano. C'est cette hésitation, due à une manipulation subtile de la mise en scène, qui fait de ce Simon Werner a disparu un film étonnant et unique bien qu'inspiré. Et les influences sont très nettes. Gobert opte pour une construction en point de vue successif dans une même continuité temporelle, ce qui n'est pas sans rappeler de façon certaine un certain Elephant. Si la forme s'y prête, le fond s'apparente plutôt aux codes du teen que le réalisateur s'amuse à déjouer à la Breakfast Club : sportif plâtré, premier de la classe sensible et touchant, une lolita pas si idiote que ça... Les clichés se rompent et toute la complexité de l'adolescence apparait alors. Entre projection de ce que l'on représente soi, et projection sur l'apparence des autres, les personnages peinent à se trouver et s'identifier. Cette peur qu'ils se créent presque par eux-même avec leurs histoires illustre cette crainte primitive ne pas être à la hauteur des autres. En revivant des moments déjà vus à travers un point de vue différent, le film offre de jolis moments de cinéma et montrent ainsi comment peut on se tromper à force de naïveté et d'indifférence. Décomposé en chapitres s'enchainant à chaque climax interne - les nerfs du spectateurs en première victime - le scénario relève du génie. Et si tant de précision et d'originalité viennent contraster avec un final en somme aussi anodin que brutal, ce dernier a au moins l'avantage d'être inattendu.
Gobert parvient à gommer de son film un simple air d'exercice de style pour imposer un véritable univers, qui ne transcende peut-être pas toutes les séquences, mais qui est là, malgré tout. Esthétique et intelligent, Simon Werner a disparu a cette qualité d'apparaitre comme un film d'adolescents original, imprégné d'une tension mystérieuse empreinte d'un bon film réussi et plutôt saisissant.


Réalisé par Fabrice Gobert
Avec Ana Girardot, Jules Pelissier, Esteban Carvajal Alegria
Film français | Durée : 1h33
Date de sortie en France : 22Septembre 2010

8 avis gentiment partagé(s):

Squizzz a dit…

Tu signes ton retour avec une très bonne critique sur un très bon film ! Je vois que finalement tu t'es laissé tenter par ce "Simon Werner". Très belle surprise de la rentrée, même s'il ne rivalise pas avec les magnifiques "Amours imaginaires" de Dolan...

pierreAfeu a dit…

C'est vrai que le film de Gobert ne rivalise pas avec celui de Dolan. Il n'en est pas moins très astucieusement construit et se suit avec grand plaisir.

Jérémy a dit…

Merci Squizzz :) .
Il me tarde de voir 'Les Amours imaginaires' que je me suis promis de ne pas louper !
Content de voir que vous partagez à peu près mon avis sur ce film ci que j'ai vraiment adoré pour ma part.

Christophe a dit…

La critique de mon blog :

Fabrice Gobert -dont c’est ici la première réalisation- organise son récit en quatre chapitres, changeant à chaque fois de personnage principal, ce qui nous permet d’apprécier les évènements qu’il nous décrit selon des points de vue différents et complémentaires. Un procédé narratif habile, propre à brouiller les pistes et à entretenir le suspense. Même si l’on commence à être habitué à ce type de construction (que l’on se souvienne, par exemple, de l’excellent Rien de personnel, de Mathias Gokalp).

On retiendra également de ce film sa peinture plutôt juste du monde de l’adolescence. Rien de caricatural dans ces portraits de jeunes gens. Et ce d’autant plus que, si l’on retrouve dans ce teen-movie les figures habituellement associées à ce genre, celles-ci ne sont pas figées dans des stéréotypes. C’est le cas, notamment, de Jean-Baptiste Rabier, incarné avec une grande finesse par Arthur Mazet (Nos jours heureux, Un secret). Celui qui est la tête de Turc du lycée se révèle en effet un personnage profondément sensible et attachant.

Au final, Simon Werner a disparu... est un film prenant, rythmé par l'excellente musique du groupe Sonic youth. Par contre, je m'interroge toujours sur les motifs de l'altercation de Jérémy sur le terrain de foot. Quelqu'un a-t-il une explication ? Celle-ci nous a-t-elle été fournie ? Ou, du moins, suggérée ?

Jérémy a dit…

L'altercation reste un mystère en effet.
Mais je ne suis pas forcément contre ce genre de questions qui reste sans réponses dans un film qui a pour but de répondre à toutes celles posées par les différentes situations. Il faut garder une part d'énigme (aussi infime soit-elle) ! Je trouve qu'ici ça marche bien.

Anonyme a dit…

Je confirme, c'est un très bon film, casting intelligent, suspense qui nous tient en haleine. Un seul regret, on parle De Jules Pélissier, Arthur Mazet, etc...., et Arthur de Donno (Nos Jours Heureux), rôle de Kama, qui apparaît très souvent, bon jeu, comme d'hab, pas un mot, bien dommage, c'est un acteur qui monte, doucement, mais sûrement !!!!

Jérémy a dit…

Tout à fait d'accord :) .

Fri a dit…

Excellente surprise pour ce film à petit budget. J'avais oublié le passage de l'altercation et je n'y trouve pas de réponse non plus d'ailleurs. Mais un 1er essai réussi, et une chronique des années lycée très réaliste avec ses râgots et ses faux-semblants. Quant au dénouement, c'est osé mais il s'inscrit tout à fait dans la lignée du film.

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