21 novembre 2009

Thirst, ceci est mon sang

Le cinéma coréen a ce don de faire des films de genre qui se démarquent des autres. Park Chan-wook, l'un des plus grands (Old Boy, Lady Vengeance...) reprend ici le mythe du vampire pour en faire un film singulier. Le Nosferatu coréen est ici un prêtre, en quête de vertu, qui sacrifie son corps pour une expérimentation médicale, un vaccin test pour un virus mortel. Le vampire ne se fait pas mordre mais le devient par un geste de bonté et de donation de soi. Transformé en le sauvant du virus par une injection de sang, Sang-hyun bascule de la piété aux tentations du charnelle. Devenu le revers de la médaille, son propre Mr Hyde, commence alors pour ce prêtre un combat contre lui-même.
La légende vampire est donc clairement axée sur sa nature première à savoir le sexuel. La chasteté est ici le moyen d'appuyer sur ce point faisant de Thirst un film sur les pulsions humaines, le vampire qui se cache en chacun de nous, mais reste aussi un film d'un déjanté fou de cinéma qui aime simplement satisfaire l'appétit des fous de cinéma comme lui. Le génie de Park Chan-wook est de parvenir à lier le romantisme à la violence, l'esthétisme au crade et finalement l'expérimental au grand public. Véritable claque visuelle, Thirst est une sorte d'ovni où même les scènes de sexe nous semblent d'un degré défiant toute concurrence, notamment celle dans l'hôpital d'un érotisme qui nous laisse difficilement insensible nous pauvres humains en quête de chaire. Le film est en effet d'une outrance implacable, jusque dans sa durée même (les longueurs). Virulant et en même temps d'une poésie magnifique, Thirst surprend et c'est certainement la richesse du cinéma coréen qui sait véritablement proposer des choses nouvelles. Et pour les non convaincus, parions que la scène finale fera nuancer la chose : véritable travail de scénario (un espace totalement vide avec la plage, une voiture, un soleil qui va se lever, un vampire cherchant la mort l'autre l'éternel : quelles possibilités scénaristiques ?), le film se conclut sur une démonstration de cinéma où les images et le son se mettent à nous parler dans une véritable magie esthétique. Thirst est une curiosité pour les curieux, un vrai film moderne étonnant et reposant pour le cinéma de demain : qu'il se porte tranquille car il ne nous a pas encore tout révélé et c'est tant mieux.


Réalisé par Park Chan-wook
Avec Song Kang-Ho, Kim Ok-vin, Kim Hae-Sook
Film sud-coréen | Durée : 2h13
Date de sortie en France : 30 Septembre 2009

5 avis gentiment partagé(s):

Anonyme a dit…

Un film choc dont on ne ressort pas indemne, très bonne critique que je partage en tous points.

Anonyme a dit…

AAAh t'as fait une critique sur Thirst !!!! =D GREAT !
( juste un détail, le truc qui m'a fait tripper au générique, je ne sais pas si tu sais... Chan Wook s'est inspiré de "Thérese Raquin" de Zola, à part pour la dimension vampirique ) bye bye !

mymp a dit…

Ah oui, cette scène finale est une vraie merveille, de la vraie poésie, du vrai cinéma. Elle contrebalance quelque peu l'inégalité du film, très bancal je trouve... Et bravo pour ton nouveau blog cher Jérémy (le 3e si je ne me trompe !), dommage que tu ne postes pas plus...

Jérémy a dit…

Et oui, le troisième... aucune excuse, je suis incorrigible. ^^
Merci Mymp de ta visite en tout cas, c'est toujours un plaisir.

En ce qui concerne 'Thirst', je l'ai trouvé bancal également mais bizarrement je trouve que ca sert plutôt bien le film qui semble s'amuser à jouer avec les extrêmes (l'esthétique et ce qui ne l'est pas, la romance et la violence etc... et donc les longueurs à l'intensité). Mais bon, c'est de la pure défense, je l'accorde.

Yoyo le rot ! a dit…

Bancal ? Mouais.. Pas tellement d'accord. En tout cas ce film n'a rien à envier aux autres film de vampire ( excepté MORSE peut etre ( ne l'ai pas vu ) ). Dimension particuliere, notons l'humour parfait inséré dans des scenes desespérées, assez etrange d'ailleurs. Je retiens pour ma part la scene de tuerie dans la maison ( lorsque la mere arrive à avertir les invités des vampires ) dans laquelle virtuosité de mise en scene ( jeu avec les portes, etc : la majeur partie de la scene est située dans un couloir exigu ), de filmage ainsi que choix parfait de musique ( tango si je ne m'abuse ) s'entremêlent !
VIVE LE CINE NOUVELLE VAGUE COREEN ! Big Up au meilleur cinéma d'aujourd'hui ! Big Up Park Chan Wook, Kim Jee Woon, Bong Joon Oh et le petit dernier Hong Jin Na !

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