29 décembre 2011

Intouchables

Avec un peu plus de 15 millions de recettes au second mois, Intouchables est devenu le meilleur succès de l'année en France et, on peut le dire, un phénomène qui n'est pas sans rappeler Bienvenue chez les Ch'tis en 2008. Comédie hilarante pour la majorité, souvenir d'une mièvre escroquerie pour d'autres, une chose est sûre, le film d'Eric Toledano et d'Olivier Nakache sera cette fois plus difficile à attaquer que celui de Dany Boon. Inspiré du documentaire A la vie, à la mort réalisé pour France Télévisions en 2003, Intouchables retrace le parcours de Philippe Pozzo di Borgo et de son auxiliaire de vie Abdel Sellou en se concentrant sur cette rencontre singulière entre un riche parisien tétraplégique et un jeune de cité.
De la même façon que Je préfère qu'on reste amis... en 2005 et Tellement proches en 2009, le film de Toledano et de Nakache est une vraie comédie. En optant pour le rire dédramatisant – postulat de départ de La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli – Intouchables trouve rapidement le bon ton grâce à son tandem de comédiens excellents. Omar Sy en guignol impertinent se marie naturellement avec François Cluzet, jamais dans la surenchère de jeu, ici étonnant de sobriété. Mais la recette du succès populaire était déjà toute trouvée dans le scénario même. Driss, prisme du public populaire, rentre dans le milieu huppé de Philippe pour s'en moquer : une identification parfaite et d'actualité dans un pays qui, croulé sous les formalités, aspire à un peu plus de laisser-aller et de permis de vivre. Bienvenue chez les Ch'tis s'articulait déjà autour du transfert d'un personnage dans un milieu inconnu (le sudiste dans le pôle nord de la France) dans lequel il découvrait aussi une certaine simplicité oubliée. Mais si Boon ne s'écarte jamais vraiment du rire potache (le one-man movie en quelque sorte), Intouchables semble aller un peu plus loin. Le film est risqué car il confronte bien entendu des clichés. Derrière son appel d'air « inspiré d'une histoire vraie », cette histoire – toute aussi rationnelle soit-elle – aurait pu s'écraser dans un pathos de bons sentiments. Mais si les bonnes intentions ne font pas d'elles-mêmes des bons films, elles n'en font pas moins systématiquement des mauvais. Dans son humour populaire mais rythmé, sa pudeur étonnante qui craquelle aux bons moments, Intouchables est une vraie réussite de fond, jamais abrutissante dans l'émotion mais sensible dans sa bonne humeur latente ; en promenade nocturne dans Paris, en volant en parapente en montagne ou simplement en fumant sur un joint et faire la nique aux principes.
L'éloignement des archétypes est bien visé : pas de scènes larmoyantes où Driss sauve le cocon familial avec son argent, pas de reconquête de Philippe, le film se concluant avec raison vers les départs nouveaux... Mais en quasi connivence, la forme filmique ne montre pas ou peu d'ambitions, et frôle souvent la bonne règle (les plans grue un peu nombreux, la musique de remplissage).
Mais d'une façon ou d'une autre, aussi éloigné de l'idée que chacun est libre de se faire sur la définition d'un bon film, Intouchables n'est pas un succès populaire à déplorer (il y en a t-il vraiment ?). Car à hauteur d'homme et de spectateur, cette comédie souriante raconte de belles choses sans en évoquer de mauvaises ; ce qui représente déjà un petit succès en soi.


Réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache
Avec François Cluzet, Omar Sy, Anne Le Ny
Film français | Durée : 1h52
Date de sortie en France : 02 Novembre 2011

6 avis gentiment partagé(s):

Robbin a dit…

Bonjour Jérémy,

Intouchables est en effet une bonne comédie. François Cluzet et Omar Sy sont très bons et sont dans leur élément. Je ne pense pas non plus que c'est une escroquerie. Il n'y a qu'à regarder les précédents films de Nakache et de Toledano : Intouchables reste dans le même univers.

Passe une agréable journée.

dasola a dit…

Bonjour Jérémy, je reconnais qu'Intouchables est bourré d'humour mais c'est surtout un film écrit pour Omar Sy. On ne voit que lui au détriment du reste et c'est dommage. Bonne fête de fin d'année.

Fri a dit…

Une belle leçon de vie transposée à l'écran. L'alchimie entre François Cluzet et Omar Sy n'est pas pour rien dans la réussite du film tout comme le fait d'aborder cette histoire avec humour sans tomber dans le patho comme tu l'as indiqué. Une réussite méritée

Jérémy a dit…

Robin Simon : La comédie est de bon ton, je trouve aussi.

Dasola : C'est vrai que le rôle de Driss prend beaucoup de place, car il est le moteur de la comédie. Personnellement, ca ne m'a pas dérangé car dans sa retenu, je trouve le personnage de Philippe assez émouvant. Bonnes fêtes Dasola :) .

Fri : Une réussite oui, méritée tout dépend si l'on refuse toute comparaison (tant de films aussi méritants qui n'auront pas le quart des spectateurs d''Intouchables'...).

ptiterigolotte a dit…

Décidement, je suis la seule dans la blogosphère qui n'ait pas encore vu Intouchables et qui s'y refuse surtout... J'ai beau regardé la BA, ça me dit rien... C'est grave docteur ?

Flow a dit…

J'ai bien aimé, mais le film accumule tout de même quelque défaut. Sa perception des banlieues est assez porté sur le misérabilisme et les personnages secondaires sont transparents (la relation père/fille est abandonnée en cours de route).

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