C'est la bonne surprise du début d'année. Sans être exceptionnel, l'air de rien Chronicle est un divertissement agréable et pas si idiot que ça. Pas exceptionnel car ce film de super-héros version teenager ne tend pas vraiment vers la révolution du genre : trois lycéens aux personnalités archétypes (l'introverti martyrisé par son père et ses camarades, le fêtard intellectuel et le franc déconneur) découvrent à la suite d'un étrange phénomène qu'ils ont des super-pouvoirs. Ces personnages aux évolutions caricaturales – le rejeté Andrew sombre dans le pêché d'orgueil – n'étonnent jamais et se moulent dans des modèles établis et pré-assimilés par le spectateur. Le cours de l'histoire n'a en soit que peu d'intérêt, son seul recours étant de créer du spectacle à rebondissements.
Mais ce premier film du réalisateur américain Josh Trank reste toutefois un vrai bon moment. Trank parvient à marier subtilement ces codes populaires à plusieurs originalités intéressantes et qui font définitivement mouche dans un genre marvelisé. Première réussite (qui n'était vraiment pas gagnée) : la pertinence du « found footage ». Si la technique harcèle les écrans du cinéma de genre depuis les succès du Projet Blair Witch ou Cloverfield, ici l'utilisation de la caméra-personnage redevient intéressante. C'est Andrew, le solitaire agressé, qui en est à l'origine : le geste de filmer est pour ce personnage un moyen de fuir la réalité – Peut-être ai-je envie d'une barrière entre moi et le monde, répond-il à son cousin Alex – d'installer un médium protecteur et témoin. Son seul et véritable ami. Le premier plan, face miroir, en est l'illustration visuelle ; en filmant les autres et il ne fait que se filmer lui-même, de sa solitude à ses malheurs. Si pendant un court moment un espoir d'amitié apparaît à la découverte des pouvoirs, le final cruel n'est que l'aboutissement sanglant et empirique de cette situation initiale.
Dans cette optique, il semble bien que Chronicle cherche à aller au-delà de son sujet formel. Dans le vaste environnent des films adolescents, le film de Josh Trank parvient à raconter des choses d'une manière qui lui est propre. Dépendance d'une génération au paraître social via la technologie, le profond désir de faire communauté, de faire la fête ensemble... L'exclusion est au cœur de la rupture qui anime Chronicle : singularité soudaine des trois protagonistes qui s'enferment sur eux-mêmes, et la déchéance de l'un d'eux qui ne peut digérer cette radicale opposition.
Spectaculaire (les effets spéciaux sont une réussite, la caméra flottante) et souvent attachant dans son humour, le film camoufle toutefois plusieurs maladresses (certaines réactions étranges notamment lors du décès, le final Disneyland...). Mais sombre et intelligent, Chronicle possède assez d'atouts pour le conseiller vivement à ses amis.
Réalisé par Josh Trank
Avec Dane DeHaan, Alex Russell, Michael B. Jordan
Film américain, britannique| Durée : 1h24
Date de sortie en France : 22 Février 2012
29 février 2012
Chronicle
20:42
Jérémy
8 avis gentiment partagé(s):
Pas mon genre ! Désolé !!!
Bonne soirée !
Le film est effectivement un portrait plutôt juste des adolescents d'aujourd'hui. Il possède quelques maladresses mais que j'oublie volontiers au regard de ses qualités (ça fait du bien d'être trop subjectif des fois !).
Le final a un côté Disney mais perso j'aime bien cette idée !SPOILER! du perso qui continue à vivre à travers sa caméra.
Je te rejoins. La bonne surprise de ce début d'année, sans être exceptionnel.
Oh, "le final Disneyland", exagère pas quand même! D'autant que bon, c'est la caméra qu'il embarque, pas le bonhomme... Bref.
Déstabilisant, intelligent, maîtrisé, sombre... Chronicle est une très bonne surprise, c'est vrai, atypique et familier à la fois, quoique pas assez aboutit dans certains aspects, parce que trop court.
En revanche, je vois mal comment ils vont gérer une suite (dont il est apparemment question...)?
La BA est mal réalisée alors...
Jacques-Henry Jacquart : Ne sois pas désolé ;) . Le film est déjà bien assez remboursé.
Squizzz : Oui le regard porté sur l'adolescence est assez acéré. Et dans le genre du blockbuster, l'image est trop souvent aseptisée de manière puérile (les mecs maladroits qui n'arrivent pas à emballer, Hollywood les aime bien). Là c'est plus percutant, plus juste en quelque sorte.
Après on peut regretter que le film n'ose pas transgresser les codes plus que ça (on reste dans le déjà-vu plan-plan à plusieurs reprises). Dont ce final qui m'a un peu fait sourire quand même.
Wilyrah : Ouais, j'y suis aller complètement à l'improviste et c'est plutôt une bonne surprise car c'est vraiment divertissement sans être totalement idiot.
Ashtray-girl : Je parlais du final avec le combat qui, un peu comme Cloverfield, donne vraiment l'impression d'une expérience 4D du Futuroscope.
Il y aura une suite ? Oh, pour ça règle n°1 : ne jamais sous-estimer la folie des scénaristes... !
Ptiterigolotte : Pourquoi ?
Très faible ce nouveau Found footage. Comme la plupart des productions de ce genre...
Nul nul nul comme j'ai jamais vu aussi nul.
Ou est le scenario, ils sont des pouvoirs et ... c'est tout. Ils finissent pas se battre entre eux et voilà.
La découverte des pouvoirs est le seul moment du film qui nous maintienne éveillé.
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