Le célèbre détective anglais créé par Arthur Conan Doyle en 1887 a déjà été sujet à de nombreux films. C'est certainement Billy Wilder qui donna les lettres de noblesse à la carrière cinématographique du personnage, avec La Vie privée de Sherlock Holmes en 1970. Dans tous les cas, ce n'est certainement pas Guy Ritchie que l'on attendait pour reprendre le flambeau au début de cette année. Et pourtant, le réalisateur d'Arnaques, crimes et botanique et de Snatch s'en est bel et bien donné le pari. Devenu expert autodidacte dans le film d'arnaques, Ritchie s'est donné un nom respecté tant par la critique que par le public malgré ses échecs récents (A la dérive, Revolver) et son dernier film très discuté RockNRolla. Ritchie prend des risques en s'attaquant à une saga faisant partit du patrimoine anglais, pour finalement revenir en force là où on ne l'attendait pas.
Car c'est un Sherlock Holmes dépoussiéré que nous propose le réalisateur un peu fou, résolument moderne dans ce décor pourtant paradoxal d'un Londres de la fin du XIXème siècle. L'esthétisme du film, très travaillé, fait revivre une époque résolue qui se fige soudain par une photographie terne à l'image de la météo, servant une mise en scène dynamique et pleinement assumée dans son artifice. Voix off, ralentis narratifs, mouvements de caméra dynamiques (très beau premier plan), Ritchie innove et n'a peur de rien. Résultat ? Ca marche, et même lorsqu'il nous plonge en plein dans une arène de combat à la Rocky... !
Alors bien sûr, le casting n'a pas été choisi au hasard et joue un grand rôle dans la réussite du film. Robert Downey Jr. est parfait dans ce nouveau Sherlock Holmes, certes toujours aussi observateur et calculateur, mais qui n'a jamais été aussi excentrique et comique. Le charisme incroyable de l'acteur - décidément capable de tout jouer - suffirait à lui seul à convaincre. Un peu à la manière de Tony Stark pour Iron Man, son interprétation si particulière donne à un personnage célèbre un aspect inédit et donc attachant. Certaines de ses répliques lui vont à merveille, à l'image de nombreuses trouvailles scénaristiques surprenantes. Jude Law campe un très bon Watson, Mark Strong est efficace en faux sorcier et la jolie Rachel McAdams très convaincante, en tout cas suffisamment assez pour donner au film une sensibilité féminine (surtout dans de si beaux costumes d'époque). Seul regret peut-être, l'hésitation trop formelle a rentrer dans les sentiments, la relation Holmes - Adler n'étant pas assez approfondie et finalement floue. Également, la structure du film peine à trouver le rythme conséquent lancé au début avec quelques légères prolongations narratives qui rendent les scènes d'action ponctuelles et "obligées". Mais le grand spectacle que nous offre Ritchie et son équipe peut nous faire oublier ces quelques défauts, d'autant plus que ce dernier est maitrisé, osé et intelligent. On se délecte déjà d'une suite annoncée clairement par la fin, en espérant un retour aussi réussi que cet essai surprenant d'efficacité. Ce qui place la barre haute... Élémentaire mon cher, dirait déjà notre Sherlock Holmes que l'on espère revoir aussi en forme dès l'année prochaine sur les toiles.
Réalisé par Guy Ritchie
Avec Robert Downey Jr., Jude Law, Rachel McAdams
Film américain | Durée : 2h08
Date de sortie en France : 03 Février 2010
22 août 2010
Sherlock Holmes
20:11
Jérémy
7 avis gentiment partagé(s):
Ouaip, il a l'air carrement cool =)
Bonsoir Jérémy.
Je te remercie beaucoup pour ton passage chez moi. Je vois à première vue que tu fournis du bon boulot, et je me permets de placer un lien de ton blog vers le mien. Donc si tu pouvais faire vise-versa ça serait sympa !
Bonne soirée, je lirait plus en détail ton blog demain, pour l'instant j'ai une tonne de choses à gérer !
Yohan : Je te le conseille en tout cas ;-) .
Al Capitaine : Merci, c'est fait :) .
N'hésite pas à réagir après lecture si tu en as l'envie.
(P.S. : Classe le nom !)
J'ai vraiment aimé ce film. Le duo Jude Law / Robert Downey Jr est simplement excellent, et l'humour assez fin pour nous faire rire à de nombreuses reprises!
J'attends le 2 avec impatience aussi, même si je trouve qu'il arrive bien vite avec comme argument la 3D qui m'inquiète un peu. Mais il ne faut pas être pessimiste ;)
Ah la 3D... Ce qui est dommage, c'est qu'elle commence à devenir une obsession. Mais bon, de toute façon le choix nous est toujours donné de la tenter ou non en salles (jusqu'alors). Je pense que pour un 'Sherlock Holmes 2' je vais la boycotter car j'en vois pas trop l'intérêt.
Voici ma critique postée il y a quelques mois... Désolé, mais je suis encore dans une perception négative...
Un scénario indigent sur fond d'ésotérisme de pacotille ; une stylisation agaçante ; une mise en scène survoltée ; une musique composée à la presse hydraulique par Hans Zimmer (de moins en moins inspiré depuis qu'il a commis le Da Vinci code et Anges et démons) omniprésente jusqu'à la nausée ; un cabotinage désolant de la part de deux bons acteurs ; un humour qui tombe souvent à plat ; quelques touches de mauvais goût. Bref, un ratage absolu, dans la lignée d'Arsène Lupin, de Jean-Paul Salomé... Eva Green en moins, hélas (car Rachel McAdams est assez terne et n'apporte pas à son personnage l'ambigüité troublante d'Eva Green)... Quant à Robert Downey Junior, il fait plus pensé au professeur Challenger (dont Conan Doyle disait qu’il avait une tête de taureau assyrien posée sur le corps d'un homme des cavernes en veston) qu’à Sherlock Holmes... Il ne suffit pas de vouloir dépoussiérer un mythe pour faire un bon film. Encore faut-il du talent. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Guy Ritchie en manque cruellement ici. Affligeant ! Le plus mauvais film de ce début d'année. A fuir !
Aie, tu flingues Christophe !
Bon, inutile de dire que je suis en désaccord, on l'aura compris ^^ . Mais ne sois pas désolé cher Christophe, justement, ca permet des réflexions intéressantes :) !
Le problème - de goût subjectif peut-être ? - vient du fait que certains défauts que tu cites se révèlent pour moi l'exact contraire, donc des atouts. Mise en scène survoltée ? Oui et j'adhère. Stylisation omniprésente ? Également. Pour moi Ritchie assume l'artifice et va jusqu'au bout de cette idée, en donnant alors à son film une apparente superficialité qui devient en fait une figure de style.
Je ne vois pas trop ce que tu entends par "cabotinage" par rapport à Law et Downey Jr... ?
Le personnage féminin terne ? Non, je ne trouve pas. Ce que je trouve terne, c'est la relation avec Holmes pas assez aboutie comme je l'écris. Mais le personnage en lui même à cet intérêt d'apporter de la douceur à l'atmosphère très "homme" du film tout en ayant l'avantage ne pas rester un prétexte avec un vrai rôle dans l'histoire.
La musique de Zimmer fait partie intégrante, pour moi, de cette volonté de jouer l'artifice. A quoi bon faire passer l'accompagnement musical le plus discrètement possible quand on cherche la démesure dans l'adaptation d'une œuvre classique ?
Et quand à Robert Downey Jr, je le trouve parfaitement en harmonie avec la touche décalé qu'a cherché Ritchie. Certes, elle est surprenante, mais le scénario est à la hauteur du pari je trouve, notamment avec des dialogues plutôt savoureux et bien interprétés.
Voilà je pense avoir ciblé les points que tu trouves critiques, pour tenter d'exprimer en quoi je ne les trouve pas négatifs dans mon jugement propre.
Mais c'est intéréssant d'avoir des avis contraires, tout l'intérêt de la critique est là ! ^^
Enregistrer un commentaire