Jenny, 16 ans, travaille dur dans le souhait d'intégrer l'université d'Oxford. Poussée par ses parents et en particulier un père assez sévère, elle est une excellente élève pleine d'ambitions. Seulement, elle rencontre David. Deux fois plus âge qu'elle, il est élégant, aisé, et semble très bien élevé. Les parents de Jenny en viennent à lui faire confiance, dans l'espoir de voir un jour leur fille mariée à David et ainsi lui assurer un avenir plus que confortable.
L'Angleterre des années 60 est un des thèmes importants du film, servant ici clairement de toile de fond. Le bouleversement du pays à cette époque qui - trivialement dit - se dévergonde petit à petit, va de paire avec l'évolution de la protagoniste qui, d'abord élève studieuse et peu ouverte aux mondanités extérieures, découvre les plaisirs de la ville et de l'indépendance. Carey Mulligan, habituée aux seconds rôles, trouve ici sa place en tant qu'actrice principale : jamais excessif, son jeu sonne juste. Alfred Molina se démarque aussi, dans le rôle du père d'abord à l'apparence tyrannique puis finalement se dévoilant petit à petit. C'est certainement le rôle le mieux écrit, car le scénario - et la mise en scène qui s'en suit - comporte des faiblesses importantes. La plus évidente est celle qui pèse sur David. Présenté comme l'homme amoureux irréprochable (même au lit tout n'est que douceur et patience... !), le dénouement ne fonctionne pas dans sa volonté de créer nécessairement un twist final. Le dernier plan le montrant effondré renforce d'autant plus l'amertume gratuite de vouloir le diaboliser au maximum.
Cette fin prend de court le spectateur car si Une Éducation plaît dans la rébellion qui se dégage de la protagoniste (ça fait sincèrement du bien de la voir rembarrer son institutrice et sa principale qui semble toutes deux sortis du Moyen-Age, prêtes à s'effondrer à la moindre émotion trop importante du genre apprendre que leurs élèves peuvent avoir une vie sociale...), le dénouement détruit tout, offrant une morale douteuse (morale induite par le titre même). D'un manichéisme (trop) facile, le film s'avère n'être pas celui que l'on croyait. La réalisatrice parvient à créer cet effet... mais à tort. Pourtant maitrisé, avec une bonne direction d'acteurs, le film souffre trop de cette approche radicale, en refusant toute ambiguïté. Il suffit d'ailleurs simplement de voir la fin : si plusieurs mois de la vie Jenny avec David durent 1h30, il suffit de deux minutes écliptiques pour en résumer toute une année... preuve qu'elle n'est n'y intéressante cinématographiquement et formellement. Là où on pouvait être touché dans la note quasi autobiographique (la volonté de s'écarter de l'école pour faire autre chose va évidemment de paire avec la volonté même de faire du cinéma) ne ressort qu'un néant : le plus important est de s'ennuyer... ce qui n'est absolument pas une vision féministe comme le voudrait Lone Sherfig. Une Education est un film mis en scène avec justesse, mais dont le fond rend inintéressant toute sorte de forme. Une vraie déception.
Réalisé par Lone Sherfig
Avec Peter Sarsgaard, Carey Mulligan, Alfred Molina
Film américain, anglais | Durée : 1h35
Date de sortie en France : 24 Février 2010
21 mars 2010
Une Éducation
14:53
Jérémy
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