Le cinéma de genre en France a prouvé ces dernières années qu'il était bien là, comme une bête ronronneuse jamais vraiment endormie. Calvaire de Francis du Welz (2004), Frontière(s) de Xavier Gens (2007), ou l'excellent Martyrs de Pascal Laugier (2008), l'hexagone a de quoi se défendre en terme d'hémoglobine réfléchie. Et le succès est là, la toile semblant aimer la couleur rouge sang pour provoquer encore plus ses spectateurs victimes dans une quête barbare sinon masochiste de sa propre résistance morale. En 2004, deux jeunes réalisateurs passionnés se donnaient le paris d'un autre projet tout aussi radical, en misant notamment sur une promotion importante pour éviter la mort prématurée au cinéma, redoutée dans le genre plus qu'ailleurs.
Le scénario est loin d'être compliqué, loin d'être inefficace. Julien Maury et Alexandre Bustillo ont bien compris de leurs influences certainement nombreuses que la radicalité paye avant toute chose. Sarah, maman sous peu, peine terriblement à se relever d'une demi seconde qui a bouleversé sa vie, tué son homme et pété son pare-brise en mille morceaux. Sa mère, présente, beaucoup trop, n'est d'aucune aide psychologique. C'est malgré tout qu'elle attend la naissance de ce bébé miraculeusement épargné, malgré tout qu'elle passe le réveillon de Noël seule. Pas pour longtemps... Une mystérieuse femme s'introduit bientôt chez elle avec une seule obsession, un seul désir brûlant d'horreur : lui enlever le bébé du ventre à coups de ciseaux aiguisés.
A l'intérieur, a bien sûr une lecture plurielle. A l'intérieur de ce ventre bien sûr, où attend naïvement la vie un bébé condamné, mais aussi à l'intérieur de cette maison cloisonnée, étouffante. Le huit-clos s'impose, terni d'une photographie brumeuse aux couleurs chaudes et sombres. N'espérez pas y voir le moindre réconfort : la photographie a surtout cette incroyable particularité de ne rendre le sang que plus rouge, que plus réel et omniprésent. Maury et Bustillo ne sont pas des touristes curieux, ils sont là pour frapper où ca fait mal. Enchainant les séquences gores à limite du soutenable, le film est une démonstration d'épouvante aggravée... et d'effets spéciaux manuels. Sensationnels, le maquillage et les trucages lui donnent une authenticité écœurante. Les deux actrices aussi. Habitées, Alysson Paradis et Béatrice Dalle ne jouent plus mais hantent le film de la violence de leurs corps, de leurs visages et de l'expression bestiale de leur gorge. Les paroles, et même les cris, sont de façon intéressante épurés pour éviter le cliché. La voix frappe lorsque la douleur inonde... douleur qui semble s'effacer peu à peu, pour friser bientôt le fantastique où la barbarie devient un véritable exercice esthétique. Le final d'une poésie et d'une cruauté cruellement antithétiques – le dernier plan du berceau est un chef d'œuvre – conclue A l'intérieur dans une empathie provocante qui questionne encore et toujours sur la limite du divertissement horrifique. Si limites il existe, ce film là les frôle à coups de ciseaux dans la jugulaire, tout en restant hypnotisant. Sauvagement hypnotisant.
Réalisé par Julien Maury et Alexandre Bustillo
Avec Alysson Paradis, Béatrice Dalle, Nathalie Roussel
Film français | Durée : 1h23
Date de sortie en France : 13 Juin 2007
Le scénario est loin d'être compliqué, loin d'être inefficace. Julien Maury et Alexandre Bustillo ont bien compris de leurs influences certainement nombreuses que la radicalité paye avant toute chose. Sarah, maman sous peu, peine terriblement à se relever d'une demi seconde qui a bouleversé sa vie, tué son homme et pété son pare-brise en mille morceaux. Sa mère, présente, beaucoup trop, n'est d'aucune aide psychologique. C'est malgré tout qu'elle attend la naissance de ce bébé miraculeusement épargné, malgré tout qu'elle passe le réveillon de Noël seule. Pas pour longtemps... Une mystérieuse femme s'introduit bientôt chez elle avec une seule obsession, un seul désir brûlant d'horreur : lui enlever le bébé du ventre à coups de ciseaux aiguisés.
A l'intérieur, a bien sûr une lecture plurielle. A l'intérieur de ce ventre bien sûr, où attend naïvement la vie un bébé condamné, mais aussi à l'intérieur de cette maison cloisonnée, étouffante. Le huit-clos s'impose, terni d'une photographie brumeuse aux couleurs chaudes et sombres. N'espérez pas y voir le moindre réconfort : la photographie a surtout cette incroyable particularité de ne rendre le sang que plus rouge, que plus réel et omniprésent. Maury et Bustillo ne sont pas des touristes curieux, ils sont là pour frapper où ca fait mal. Enchainant les séquences gores à limite du soutenable, le film est une démonstration d'épouvante aggravée... et d'effets spéciaux manuels. Sensationnels, le maquillage et les trucages lui donnent une authenticité écœurante. Les deux actrices aussi. Habitées, Alysson Paradis et Béatrice Dalle ne jouent plus mais hantent le film de la violence de leurs corps, de leurs visages et de l'expression bestiale de leur gorge. Les paroles, et même les cris, sont de façon intéressante épurés pour éviter le cliché. La voix frappe lorsque la douleur inonde... douleur qui semble s'effacer peu à peu, pour friser bientôt le fantastique où la barbarie devient un véritable exercice esthétique. Le final d'une poésie et d'une cruauté cruellement antithétiques – le dernier plan du berceau est un chef d'œuvre – conclue A l'intérieur dans une empathie provocante qui questionne encore et toujours sur la limite du divertissement horrifique. Si limites il existe, ce film là les frôle à coups de ciseaux dans la jugulaire, tout en restant hypnotisant. Sauvagement hypnotisant.
Réalisé par Julien Maury et Alexandre Bustillo
Avec Alysson Paradis, Béatrice Dalle, Nathalie Roussel
Film français | Durée : 1h23
Date de sortie en France : 13 Juin 2007