Avec son titre énigmatique et les couleurs accrocheuses de son affiche, Kaboom a de quoi séduire. Puis vient ce nom, Gregg Azaki, surtout connu pour son grand succès
Mysterious Skin. De façon certaine, c'est pourtant les amateurs des premiers films du réalisateur (
Totally f***ed up,
The Doom generation ou
Nowhere) qui se verront comblés. Désigné comme la
Teen Apocalypse Trilogy,
Kaboom a tous les moyens d'en constituer une suite. L'intrigue est digne de n'importe quel teenmovie : Smith , le protagoniste, vit sa vie dans son campus entre Thor son colocataire surfeur qui l'attire, Stella sa meilleure amie aussi lesbienne que fantaisiste, et autres rencontres homo ou hétérosexuelles. Ça baise dans tous les coins dans la jouissive insouciance de la jeunesse.
Kaboom se démarque déjà dans sa volonté de ne pas se faire prier sur les sujets abordés. On parle de sexe ou on en parle pas. Décalé, le ton du film trouve rapidement la bonne hauteur en offrant des séquences loufoques et hilarantes. Dans un humour quasi extraterrestre et une photographie saturée dans les couleurs, Gregg Azaki ose et ça marche. Le spectateur comprend immédiatement qu'il ne se raconte pas grand chose, mais que tout l'intérêt repose sur la manière de le raconter. Séquences de drogue psychanalytiques, scènes de sexe plus drôles que réellement érotiques, le réalisateur en va même jusqu'à jouer comme un gosse sur l'artifice du cinéma (raccorder une cervelle avec un gâteau, ou en gros plan un pied qui marche sur un excrément...). Bref, on est dans le délire total et ça fonctionne.
Mais alors, évidemment, Araki nous cache plus d'un tour dans son sac. Ainsi, petit à petit, le teenmovie bascule vers le slasher mystérieux très ancré à la
Twin Peaks... pour renverser tout ce qu'il nous a présenté auparavant, car une conspiration improbable se traine depuis le début ! Le twist final arrive alors en ayant, mine de rien, installer un suspens plutôt haletant. Cependant,
Kaboom a tendance à trainer sur le milieu avant de basculer totalement d'une forme à une autre. En voulant faire trop hésiter le spectateur, son film en devient trop hésitant. Le spectateur perd un peu le fil de l'histoire qui va très loin trop vite (mystère ou pas mystère ?)... mais pour finalement le retrouver dans un final absolument délicieux d'incohérence et d'absurdité.
En fin de compte, même si le scénario semble avoir été écrit pendant le tournage et même si la mise en scène manque parfois d'un cruel manque de précision, c'est avec un plaisir non coupable qu'on apprécie ce film un peu comme son meilleur pote : autant pour ses qualités que pour ses défauts.
Kaboom a tous les atouts d'un divertissement adolescent, tout en foutant une claque à la platitude d'un
American Pie ou la pudeur religieuse d'un
Twilight. Et franchement, ça fait du bien.
Réalisé par
Gregg ArakiAvec
Thomas Dekker, Juno Temple, Roxane MesquidaFilm américain | Durée : 1h26
Date de sortie en France :
06 Octobre 2010